Akeem Smith ravive la mémoire du Dancehall

                                                                                                                                                                                                   /// Nora Djabbari

L’artiste provocateur du monde de l’art fait un retour remarqué sur la scène artistique. Originaire du quartier de Waterhouse en Jamaïque, cet artiste polyvalent, à la fois styliste, sculpteur et vidéaste, continue de nous éblouir avec son travail qui tire son essence de l’exploration de la culture populaire jamaïcaine, peu documentée. Figure de la scène underground, il se plaît à sonder l’histoire collective et la richesse de la diversité culturelle noire. Né à Brooklyn, l’artiste puise son inspiration principale dans Kingston, la ville natale de ses parents. 

Après des mois de travail, l’artiste New yorkais nous livre le fruit de sa collaboration en résidence à la Galerie Lafayette Anticipations. “One last cry” s’inspire du Dovecote Memorial Park à Spanish Town en Jamaïque. Chargé de symboles, ce monument commémore l’abolition de l’esclavage proclamée le 1er août 1838 en Jamaïque et dans d’autres parties de l’Empire britannique. Akeem Smith en tire un dispositif vidéo exultant du réel, métaphorique et politique. Il nous invite à revivre le passé par la voie sonore et visuelle. « Dovecote » se constitue d’une vidéo accompagnée d’un ensemble d’enregistrements issus d’archives.

Des femmes mystérieuses aux expressions complexes nous font face, cachées derrière des portes métalliques pour mieux révéler leur pouvoir évocateur. Les barrières qui entourent l’œuvre constituent ainsi une fenêtre vers un autre espace temps. Immortelles, ces figures deviennent à elles seules les témoins silencieuses de tout un mouvement. 

Immédiatement happé par un dispositif sonore composé d’enregistrements personnels d’Akeem Smith dès les escaliers, le visiteur s’invite dans un voyage identitaire. Loin de figer le passé ou de le catégoriser, Smith lui donne vie et explore toute une communauté en la célébrant. Au fil du parcours, des fragments imagés de la culture Dancehall resurgissent : cassettes, vêtements et clichés nous croisent et se transforment, révélant la beauté enfouie dans l’oubli. Ces matériaux qui proviennent de Kingston ou de Jamaïque gardent une trace de leur origine.

Akeem Smith tisse une mélodie curieuse, capturant avec nostalgie l’âme pétillante de toute une époque, plus vivante que jamais.