Du 18 octobre au 7 décembre, la galerie Boulakia présente l’exposition Magnelli et la peinture inventée, une rétrospective de vingt-cinq peintures du peintre italien Alberto Magnelli (1888-1971). Première rétrospective de l’artiste à Paris depuis 1986, Magnelli et la peinture inventée regroupe un ensemble d’oeuvres – pour la plupart inédites – d’un des peintres majeurs du XXe siècle. D’abord porté par les futuristes italiens Marinetti, Boccioni et Carrà, et après une incursion dans l’univers de l’art figuratif, Alberto Magnelli trouve finalement sa voie dans l’Abstraction dont il est l’un des pionniers en 1915. Ami du poète Guillaume Apollinaire et du peintre Pablo Picasso, l’artiste qui ne se réclamait d’aucun mouvement demeure un éternel explorateur des formes. Dans les années 1920-1930, Alberto Magnelli signe ainsi une série de tableaux qu’il qualifie lui-même de « peinture inventée ». Un cycle de créations essentiel dans sa carrière, que nous offre à voir la galerie Boulakia. C’est au sortir de la Première Guerre mondiale qu’Alberto Magnelli aborde sa période de « figuration inventée » : d’apparence classique, avec ses personnages, ses paysages, ses natures mortes ou ses scènes de genre, sa peinture n’en est pas moins novatrice : les larges aplats de couleurs pastel – plus vives par endroit – , rythmés par des courbes graphiques et combinés à une mise à plat des formes géométriques, illustrent cette volonté d’inventer une peinture moderne. Sorte de compromis entre la figuration et l’abstraction, l’oeuvre d’Alberto Magnelli « rend évidente la permanence d’une réflexion sur le lien à établir entre les origines historiques de la peinture et la nécessité d’un art différent, capable de répondre à notre époque », selon les écrits de Daniel Abadie dans le livre édité à l’occasion de l’exposition. Compositions simples et épurées, couleurs appliquées avec soin, le travail d’Alberto Magnelli est à l’image de son auteur : à la fois unique et riche de multiples influences . Tel un éternel aller-retour entre figuration et abstraction, les toiles de l’artistes vivent au rythme des traits et des formes, véritables forces structurantes de son oeuvre. Il suffit d’observer la Figura seduta, peinte en 1925, pour s’en persuader : aussi énigmatique qu’imposante, la femme représentée – des traits fermés de son visage jusqu’aux plis de sa robe, en passant par ses mains aux doigts figés – est en fait une composition de lignes et d’effets d’ombrage ; figure à la fois abstraite mais empruntée du réel ; restitution géométrique d’un corps et de son expression. « Tout est abstrait et tout est réel » déclarait Alberto Magnelli quelques mois avant sa mort. Peut-être la meilleure façon de résumer le travail de cet artiste, contemporain de Picasso, discret précurseur d’un mouvement emblématique de l’histoire de l’art. Texte : Léa HouttevilleVernissage le mardi 17 octobre à partir de 17h. Crédit visuel : Alberto Magnelli, Figura seduta, 1925.