Du 9 novembre au 23 décembre, la galerie Thierry Bigaignon présente l’exposition Empire of Dust de l’artiste Amélie Labourdette ; une immersion photographique dans l’Italie des ecomostri, symboles des réalités sociales et économiques du Sud du pays.
Les ecomostri, en termes familiers italiens, ce sont ces constructions inachevées jugées « gravement incompatibles » avec le paysage naturel environnant, notamment en ce qui a trait à l’impact visuel. Complexes hôteliers, villas privées, tronçons d’autoroute, ponts ou villages entiers, ces ecomostri incarnent, par-delà leur existence architecturale, des réalités sociales et économiques autrement moins reluisantes : celles d’une Italie du Sud rongée par la corruption, les détournement financiers et les activités mafieuses.
De ces squelettes de béton, vestiges de projets restés en suspens, Amélie Labourdette fait naître une série photographique des plus saisissantes ; dix-huit clichés réalisés dans les régions de Sicile, de Calabre, de Basilicate et des Pouilles où l’inachèvement s’est mué en une véritable esthétique architecturale. Ici un pont, là un barrage, plus loin un immeuble : chaque image témoigne des bouleversements socio-économiques qui frappent notre époque, l’Italie plus qu’ailleurs en Europe. Il émane des images de l’artiste une sensation d’irréalité, étrange, presque inquiétante ; le regard posé sur ces « ruines » accuse le choc d’une situation pourtant bien tangible.
Les ecomostri d’Amélie Labourdette s’imprègnent aussi d’une portée métaphysique d’autant plus perceptible à mesure que le regard s’y attarde. Ces singulières architectures, en effet, émergent au coeur de forêts, de montagnes ou de plaines. A la vitalité de cette nature luxuriante, se heurte la désuétude de corps de béton laissés à l’abandon. La végétation reprenant ses droits, s’ouvre alors un nouveau champ des possibles ; une invitation à porter « un regard rétrospectif sur notre présent, sur notre avenir aussi. », signifie Amélie Bourdette. Un ensemble de photographies comme un espace propice à l’imaginaire ; une réalité face à l’horizon d’un autre devenir.
Vernissage le 9 novembre.
Texte : Léa Houtteville
Crédit visuel : Amélie Labourdette, Empire of Dust #03, Favaco, Calabre, 2015. Tirages pigmentaire, Papier RC, 130×111 cm ©Amélie Labourdette