Du 4 au 31 décembre 2017, l’œuvre du peintre catalan Antoni Blasco s’expose à la galerie BOA dans le cadre d’une exposition personnelle.
Antoni Blasco ne fait pas partie de ces artistes dont nous abordons facilement l’œuvre. Commençons donc par un examen de son parcours, qui ne peut être discuté. Né en 1950 à Barcelone, ce catalan rejoint Paris après l’obtention du diplôme de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Barcelone. Il devient en 1984 l’un des deux premiers non-français à se voir attribuer le prix de Rome, et réside deux ans à la Villa Médicis. Il est aujourd’hui professeur de peinture aux Ateliers Beaux-Arts de la ville de Paris. Les présentations sont faites, il nous faut maintenant qualifier et situer ce peintre sur la scène artistique contemporaine.
Dans sa 8e édition, le dictionnaire de l’Académie française définit ainsi l’abstraction : « Action d’abstraire, de séparer, opération par laquelle l’esprit isole des choses qui sont unies ». Si nous la pensons comme une séparation, alors la notion d’abstraction s’impose pour caractériser les œuvres de Antoni Blasco, ses peintures incarnant l’idée même de rupture, ou plutôt de dualité. D’abord entre les formes : celles géométriques, droites, et très arrêtées qui côtoient des figures fantasmagoriques et incertaines. Ensuite dans les couleurs, mises en relief mutuellement : les jeux entre les noirs, les blancs, et certaines couleurs franches (rouge, ocre jaune). Enfin parce que l’abstraction des formes et des couleurs côtoie des figures anthropomorphiques, certes indistinctes mais reconnaissables. Face à une narration de l’histoire de l’art purement linéaire, généalogique et à la tendance d’opposer l’art figuratif à l’art abstrait, Antoni Blasco témoigne de l’invalidité d’un tel manichéisme, de la porosité de telles cases. Sa peinture ne saurait être considérée comme purement abstraite, ni essentiellement figurative : elle est bipolaire.
Pourtant, de cette séparation ne surgit ni sentiment d’absence, ni d’isolement. Questionné sur ses sujets d’inspiration, l’artiste répond « c’est la vie et la mort… l’être humain, la vie traduite par des figures totémiques ». Ainsi, le Guerrier, noir, épais et dégoulinant, dont la présence mortuaire semble s’amoindrir face au fond blanc et rouge sang conquérant, n’en est-il pas l’illustration ? La grandeur des formats utilisés des peintures à l’huile, la sobriété du langage pictural participent à ce questionnement, souvent tragique, mais toujours poétique.
Vernissage en présence de l’artiste le jeudi 7 décembre de 18h à 21h.
Texte : Alix Meynadier
Crédit visuel : Antoni Ros Blasco, Guerrier, 2012, huile sur toile, 162 x 130 cm ©Galerie BOA