La Galerie Claude Bernard, présente la première exposition française de l’artiste espagnol Antonio Crespo Foix, intitulée « Cuerpo y Bruma ». Cette rétrospective offre une vision complète du travail de l’artiste depuis les années 2000.
/// Nora Djabbari
Les sculptures d’Antonio Crespo Foix captivent par leur capacité à instaurer une sérénité teintée de curiosité. Tout de suite intrigués par le parcours de l’exposition, nous nous approchons, animés par le vif désir de contempler de près ces pièces singulières. Convaincus que seul la proximité nous offrira une perspective adaptée, nous avançons un peu plus, scrutant chaque détail, chaque nuance, chaque ombre et lumière se réverbérant sur la glace. Les formes sont surréalistes mais tout de même évocatrices. Notre soif de savoir augmente : alors émerveillés, nous explorons tous les angles, nos regards se perdent dans la matière… Finalement, notre intuition de départ se révèle juste : ce qui, de loin, avait des allures de brume révèle une grande complexité. Des matériaux organiques se mêlent à des fils métalliques, formant un enchevêtrement d’éléments composites. Fer, épingles ou encore fleurs de pissenlit cohabitent avec harmonie, formant des ensembles d’une délicatesse rare. La structure même des œuvres nous invite à redoubler d’attention pour essayer de reconstituer les coulisses d’une création qui n’a pas dû se faire sans un effort de patience et de dextérité.
Chaque pièce, tenue en apesanteur par des tiges de bois ou de fer, nous enveloppe dans une aura de mystère. L’artiste transforme ainsi la matérialité en poésie, brise la rigidité des matériaux pour jouer avec les frontières entre l’imaginaire et le réel, comme il l’explique : « Je cherche à provoquer un conflit avec la géométrie, en essayant de lui faire perdre son caractère froid et rationnel, de la transformer en quelque chose d’organique et de biologique et qui à son tour s’imprègne de lectures fantastiques, mystérieuses et poétiques qui transcendent leur matérialité ».
Antonio Crespo Foix grandit à Valdepeñas. Son enfance est baignée par la contemplation de la nature. Les sculptures, fruits de son environnement, ont été construites à partir d’éléments végétaux directement cueillis par l’artiste dans la Mancha, lieu emblématique dont est originaire le célèbre Don Quichotte. Cette proximité avec le monde naturel, on la sent derrière chaque pièce qui, tour à tour, semble évoquer nuage, neige ou nids d’oiseaux.
Les sculptures évoquent aussi toute la matérialité du corps humain. Les fils en métal, tendus, entourent les fleurs de pissenlit comme des écrins, constituant comme des vaisseaux rappelant les veines du corps humain. On croit ici apercevoir un résidu d’estomac tandis que trône là bas un avant bras. Les pissenlits, eux, semblent renfermer en eux même les secrets de la vie, tels des poumons expulsant l’air d’un corps démembré. Chaque sculpture murmure ainsi une invitation à contempler l’interconnexion entre l’homme et la nature, à méditer sur la fragilité de notre existence, sur la beauté insoupçonnée de nos environnements.
Galerie Claude Bernard
- Adresse : 7 / 9 rue des Beaux-Arts
- Code postal : 75006 Paris
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 01 43 26 97 07
- Site Internet : https://www.claude-bernard.com/