/// Nora Djabbari
Plus de 2000 artistes et un vernissage qui aura accueilli pas moins de 10 000 visiteurs. Des chiffres exceptionnels pour un événement entièrement organisé par des bénévoles. Art Capital est une fédération d’artistes, un ensemble d’associations réunies sous une même bannière avec un objectif commun : donner de la visibilité et promouvoir des artistes de tous les horizons. Noble mission mise à mal depuis quelque temps en raison d’un manque de subventions. C’est pourtant l’un des plus grands rassemblements d’art contemporain d’Europe. Chaque année, c’est tout un écosystème artistique qui bouillonne sous la verrière du Grand Palais Éphémère attirant pas moins de 40 000 visiteurs.
Promouvoir tous les talents
Le principe est simple : réunir dans un même événement quatre salons ayant marqué l’Histoire de l’art français. Chaque salon expose ses artistes et possède une place attitrée au Grand Palais Éphémère. Comme l’explique Thibaud Josset, porte-parole d’Art Capital, cette fédération n’a rien d’une foire purement mercantile : “Art Capital est héritière des salons, une spécificité typiquement française dont on parle assez peu. Les salons sont des événements associatifs déclarés d’utilité publique sans être dépendants d’un système institutionnel”. Ici les artistes se présentent face à leur public pour faire des médiations autours de leur art et vendent directement leurs œuvres, sans l’intermédiaire de galeries. Le paiement peut se faire en espèce, en chèque, par carte bancaire… Une fois l’œuvre payée, l’acheteur peut repartir avec son achat.
Son public éclectique l’est autant que sa production. On y croise des amis, des amateurs d’art, des curieux, des étrangers. On ne s’y presse pas. Notre regard n’est pas aussi sollicité, voir tourmenté que dans les foires de plus gros volume, mais la diversité des techniques, des formats et des styles est impressionnante. Art Capital, c’est aussi l’occasion d’ échanges et de rencontres.
“Nous nous battons parce que nous croyons que de tels rassemblements d’artistes organisés par et pour les artistes sont une nécessité vitale pour toute la création. Nous avons besoin d’un terreau permettant de tendre la main à la jeune génération, à des jeunes artistes qui n’ont pas encore trouvé de galeries, qui ne sont pas encore dans le marché de l’art, mais qui à travers cette manifestation prestigieuse peuvent être mis en contact”, explique Jean-Francois Larrieu, président de la Fondation Taylor et membre fondateur d’Art capital.
Quatre salons chargés d’Histoire
Quatre salons sont présentés lors de cet événement. Tout d’abord, le salon des artistes français, qui met à l’honneur cette année la création artistique chinoise contemporaine à travers des médiums différents comme la peinture, le dessin et la photographie. Créé par l’Académie royale de peinture et de sculpture au milieu du XVIIème siècle, ce salon a notamment couvé les plus grands, de Camille Claudel et Eugène Delacroix en passant par Gustave Doré et Edouard Manet.
Le salon Dessin Peinture à L’eau peut lui aussi se targuer d’avoir participé au rayonnement de figures majeures. Créé en 1949, des artistes importants s’y sont succédé comme Chagall ou Marie Laurencin. Son ambition ? Exposer plus de 1 000 œuvres dites « sous verre » de toutes techniques et tendance
Le Salon Comparaison, fondé en 1956, se donne pour mission chaque année de promouvoir l’échange et la diversité artistique. Cette année, il présente 484 artistes répartis dans 31 groupes. Une occasion de faire opérer un dialogue de sensibilités et de techniques.
Enfin, le Salon des Indépendants, autrefois appelé le “Salon des Refusés”. Créé en 1884, Il fête cette année ses 140 ans d’existence. Sa devise ? “Ni jury, ni récompense”. Plus de 30 pays y sont représentés à travers plus de 450 artistes.
Quelques découvertes
Au gré de nos déambulations, nous sommes tombés sur de véritables pépites. Notre sélection, nécessairement subjective et incomplète ne saurait représenter l’étendue des talents présentés à ces jours. Commençons par des sculptures évoquant le monde végétal de l’artiste Myriam Mendel Sitbon. Ces petites pousses aux allures de corail se déploient de façon élégante, évoquant un jardin d’Eden renouvelé.
Plus tard, nous sommes tombés sur l’œuvre multidimensionnelle étonnante de l’artiste Alagraphy, l’un des grands pionniers de l’art utilisant l’intelligence artificielle. Cosmopolite, l’artiste ayant travaillé au moyen d’outils intégrant la reconnaissance faciale se sert de son parcours et de ses connaissances scientifiques pour générer un travail épousant les arts et les sciences. Cette œuvre se compose d’un ensemble de mosaïques d’images architecturales imaginées par une IA. Ensemble, ces images constituent des motifs qui forment le dôme du Grand Palais, lorsque l’on se positionne de loin. Son apparence mystérieuse et hypnotisante nous donne le sentiment de pénétrer dans un monde suranné, dans une troisième dimension. Pour découvrir son travail, c’est ici.
Enfin, les tableaux du peintre russe Nikolaï Kouzmine qui expose ses conjointement au Salon du Dessin et de la peinture à l’eau et au Salon Comparaisons. Ses cinq grand formats et son petit format représentent des paysages vastes empreints de douceur. Tous sont façonnés par des touches successives expressives de peinture. Les toiles de Kouzmine invitent à la contemplation profonde et apaisée, à la fascination devant la vie qui se déploie librement, en toute majesté.
Cette édition 2024 a battu des records de visite et ouvre de belles promesses pour l’avenir.
