La Galerie Jean Fournier présente du 15 mars au 4 mai 2018 l’exposition Chambre d’Écho de l’artiste français Bernard Moninot.
Ne vous êtes-vous jamais demandé comment fonctionnait la mémoire ? Cette sélection qui s’opère parmi les souvenirs, laissant certains d’entre eux dans les tréfonds de l’esprit.
Bernard Moninot construit, dans l’espace, l’acheminement de la mémoire, qu’il met en perspective avec l’écho que nous expérimentons à la montagne : le retour du son vers sa source. La disposition de l’exposition nous familiarise en premier temps avec les dessins de l’artiste, pour finir avec la Chambre d’Echo, une sculpture cubique qui flotte au centre de la pièce. Des dessins représentant la réflexion préalable sur le concept de l’œuvre font donc référence à l’installation : à la vue de celle-ci, les souvenirs récents sont ancrés dans nos esprits, à l’image de son travail, un écho résonne dans la pièce.
À la fois spectaculairement grande et incroyablement précise dans sa composition, l’œuvre nous donne à voir les rouages et les mécaniques imaginés par l’artiste. Un travail qui s’inscrit dans le temps, cinq années de réflexion et d’esquisses pour arriver à un résultat autant poétique que complexe. Par sa dimension cubique et tridimensionnelle, Chambre d’Écho, se pose comme la retranscription d’une feuille de papier dans l’espace qu’offre la pièce. Des barres en acier dessinent les contours de ce carré, ou les deux extrémités principales sont séparées de plus d’un mètre. La couleur blanche dominante et épurée fait autant écho à la feuille de papier qu’à cette montagne omniprésente dans l’espace. Reliées par des fils, deux surfaces se font face : l’une d’elle s’apparente à la mécanique complexe d’un remonte-pente, l’autre se compose d’un écran sur lequel est peinte une montagne blanche. La transparence de ce panneau laisse percevoir des éléments dissimulés de l’autre côté : notre corps, curieux, se déplace alors autour de l’œuvre pour découvrir six « objets de mémoire ».
Comme un réseau électrique, les fils qui composent l’œuvre sont les câbles transmetteurs de l’information, ils conduisent la mémoire dans un mouvement circulaire, et elle revient à sa source tout comme l’écho de la montagne. Cachés derrière l’écran de l’installation, les souvenirs, tels des acteurs qui patientent derrière le rideau du théâtre, attendent le bon moment pour faire leur apparition. Une phrase de René Char, « LES YEUX SEULS SONT ENCORE CAPABLES DE POUSSER UN CRI », placée sur un cylindre, qui tourne aléatoirement, est le seul élément en mouvement. Les lettres sont découpées d’un miroir, nos yeux sont attirés par ce manège où un jeu d’ombre se crée, déplaçant l’œuvre dans la pièce. À la vue de ses mots, le silence prend tout son sens, le cri est visuel, l’écho de l’ombre se répercute dans l’espace. Les souvenirs émergent.
Texte : Angèle Imbert
Crédit Visuel : Bernard Moninot, Chambre d’écho, 2012 – 2017, acrylique, toile polyester, acier, verre, bois, carton, fil de plomb, plexiglass, serre-joint et perles de verre, 136 x 310 x 191 cm