Du 7 novembre au 7 janvier 2021, la galerie de l’Ancienne Poste présente la troisième exposition personnelle de la céramiste Camille Virot, dans laquelle seront dévoilées une trentaine d’œuvres inédites. Dans cette nouvelle étape de son parcours créatif, l’artiste met encore une fois le bol à l’honneur.
« Il y a des bols finis et des bols en naissance. Mais contrairement à ce qui doit être, il y a manipulation de la chronologie. Dès le début – années 70 – j’ai fait des bols « finis », normaux, se labélisant du bol raku japonais traditionnel et notoirement zen, sans complexe donc. A cette époque, en 1979 précisément, j’intitulai un article de revue, « le monde dans un bol », sans complexe là non plus…
Puis vinrent, dans les années 2000, les bols-genèse, un retour en arrière, le retour aux vraies origines, le bol comme roche creusé réceptive, le bol premier émergeant : fabriqués et bricolés à partir de bols « finis ratés », broyés, concassés, ressoudés pour faire du nouveau avec de l’ancien – ce qui est encore ma préoccupation actuelle – c’est donc revenir à un point de départ et être accidentellement à la mode recyclage.
Mais pour rester confiné dans un univers céramique, donc sensible plus qu’intelligible et raisonnable, les bols-genèse apparaissent dans un environnement sédimentaire où les actions rituelles successives donnent matière à des strates différenciées mais qui se parlent, s’interfèrent ou se contredisent. Le tout ensuite transfiguré, figé, bousculé par ces périodes volcaniques que sont les cuissons, multipliées, répétées souvent comme des hoquets de volcan.
Quant aux « bols finis » d’aujourd’hui, ils s’apparentent à la fois à des abstractions de bols usuels et à des images manipulables, sortes de monotypes ayant un recto et un verso, une face et un dos, des lèvres, une panse et un pied, donc des êtres qui nous ressemblent un peu, un peu comme les bols d’Onisaburo façonnait en fixant son modèle vivant, dit-on. »
(Camille Virot, réflexions préparatoires à l’exposition de Toucy.)