La Galerie French Arts Factory présente, du 13 au 31 mars l’exposition Cathy Bion ou la floraison du temps, qui regroupe les photographies de l’artiste.
« Ce que l’on appelle le beau n’est d’ordinaire qu’une sublimation des réalités de la vie ». Jun’ichirō Tanizaki souligne avec poésie, dans son essai l’Éloge de l’ombre, l’omniprésence du beau dans notre vie quotidienne. L’auteur s’imprègne de la pensée du Wasi Sabi, culte esthétique japonais où Wasi fait référence à la beauté des choses imparfaites et où Sabi fait écho à l’altération des objets par le temps.
À la vue des photographies de Cathy Bion, l’esprit du pays du Soleil-Levant émerge. Un travail qui s’intéresse à la beauté cachée d’éléments marqués par le temps et par la nature. L’artiste est attentive à tout ce qui l’entoure, s’intéresse aux détails et les capture. Ils sont magnifiés, mis en valeur, et nous les contemplons d’un oeil émerveillé. À l’image d’un travail de récupération, Cathy Bion offre une nouvelle vie à des textures, des couleurs, qui deviennent le sujet d’observation. Un nouveau regard est porté sur ces détails discrets : les focus nous donnent une impression de grandeur et les dimensions, qui atteignent presque le mètre, renforcent cette sensation.
Des compositions de couleurs à la Mark Rothko, offertes par la nature, sont mises en lumière par la photographe. Un rouge profond provenant de la rouille s’agence avec un bleu gratté de la coque d’un bateau, un blanc d’une étiquette déchirée est associé aux couches de peinture orange du matériau. Ce mélange qui paraît pensé, élaboré par la main humaine, n’est qu’en fait l’œuvre du hasard, des éléments naturels qui rendent les matériaux périssables.
Après avoir contemplé les photographies de Cathy Bion, vous accorderez peut-être votre attention aux détails qui semblent insignifiants : sûrement contemplerez–vous, dorénavant, la beauté discrète d’objets marqués par le temps.
Texte : Angèle Imbert
Crédit Visuel : Cathy Bion, Granville&2, Photographie sur Dibond, 60 x 80 cm