Du 20 juin au 28 juillet, la galerie Schwab Beaubourg allie deux artistes dans son exposition Corps à corps – Jean Rustin / Louis Salkind.Aucune illusion, aucun embellissement vient tacher la vérité dans les peintures de Jean Rustin et Louis Salkind. A cinquante ans d’écart, leur même intérêt pour le corps sans artifice est frappant. Sur un fond neutre, aucun élément permet de situer dans l’espace ou dans le temps, ne serait-ce qu’un tabouret ou un lit sur lequel les personnages prennent la pose.Les nus de Louis Salkin se détachent d’un fond sombre. L’artiste contemporain les représente parfois muni d’un seul objet qui permet de créer une narration. Erotisme, obscénité, mais parfois aussi douceur et tendresse imprègnent les scènes. Sur ces corps marqués par leur histoire, sont visibles chaque ride et rondeur, jusqu’à parfois les déformer. C’est un demi-siècle plus tôt que Jean Rustin, novateur de la figuration française à partir des années 1970, pousse ce refus d’idéalisme à son paroxysme : cette volonté de vérité dans la représentation va jusqu’à atteindre la laideur. En réponse aux oeuvres de son temps, notamment des siennes durant sa période abstraite, qu’il juge comme « trop belles » et ainsi « trop faciles », il montre une un art et une humanité mis à nu.La figuration ─ voilà ce auquel Jean Rustin, à partir les années 1973-74, ne tourne plus jamais le dos et exploite dans son sens le plus radical, ce qui a mené à son isolement durant plusieurs années. Les représentations brut du corps à l’intérieur de ces espaces vides, allant jusqu’à la pornographie, renvoient le spectateur au plus profond le lui-même, dans un sentiment de répulsion. Solitude et folie imprègnent ces pièces, mais également le plaisir et l’extase, que ressentent ces personnages. Le face à face avec le sujet est absolu et c’est cette frontalité qui offre aux toiles de Jean Rustin, ainsi qu’à celles de Louis Salkin, leur puissance.Texte : Marilou MercierVisuel: Jean Rustin, Elsa, scène dans la cour, 1985, acrylique sur toile, 41x33cm