Dalila Dalléas Bouzar : « je viens d’Afrique mais je me mets dans la filiation de l’art contemporain européen »

Dalila Dalléas Bouzar : « je viens d’Afrique mais je me mets dans la filiation de l’art contemporain européen »

 

/// Nadège Besnard-Roussel, Conseillère artistique indépendante – Art contemporain africain

 

Il était une fois, à la tombée de la nuit, une dame à La Licorne qui se promenait dans un champ de fleurs dorées à l’or fin. Ses mains graciles accueillaient les oiseaux venus se poser ça et là autour d’elle comme attirés par son aura céleste.

 

Dalila Dalléas Bouzar est une artiste multiple — peinture, dessin, broderie, performance et plus encore, conteuse d’une histoire ancestrale qui parvient à nous murmurer à mots doux et pour autant écorchés le quotidien de ce qu’elle nomme « les territoires de pouvoir ». Les réinterprétations des peintures classiques auraient pu être un choix de technique, de thématique, mais Dalila, s’empare de tout et embrasse tout. Elle vole d’un médium à l’autre, capture l’essence d’un processus qu’elle méconnait et devient la femme qui dessine sur la toile et désormais sur la pierre, qui peint et qui brode et qui s’auto-portraitise lors de longues performances. L’évasion et plus encore la liberté, pourrait-on dire, caractérise son travail. Nulle envie d’être incarcérée et de se laisser enfermer dans un format, un concept, une forme. Bien sûr elle dessine et peint, mais là où l’artiste pourrait s’en tenir à sa pratique, Dalila Dalléas Bouzar ose et propose de faire jaillir l’or et les couleurs arc-en-ciel dans un entrelac de fils sur ce velours noir porté traditionnellement par les femmes lors des cérémonies de mariage en Algérie.

 

Dalila Dalléas Bouzar ose et propose de réaliser ses dessins oniriques dans un studio de lithographie. L’Atelier le Grand Village, niché en Charente Limousine a ainsi pu offrir son espace de tranquillité et a laissé l’artiste s’adonner à sa pratique du dessin sur la pierre calcaire. Dalila s’enrichit sans cesse de nouvelles expériences artistiques côtoyant ainsi le mouvement, sans doute pour se rapprocher de ce qu’elle aime le plus, la performance, la peinture à même les peaux. Dalila entre dans un monde sacré lorsqu’elle peint sur les corps et recouvre les visages. « Mes performances sont des rituels », dit-elle. Si « la peinture est un travail d’atelier solitaire », l’artiste aime à la transformer continuellement, d’où son envie de le partager, de s’entourer et vibrer à l’unisson lors de performances où elle invite le public à entrer dans sa danse.

 

Les oeuvres issues de la série « Territoires de pouvoir » exposées à la Galerie Cécile Fakhoury, nous invitent à découvrir pour la toute première fois à Paris, ces grandes toiles autour de l’œuvre revisitée des « Femmes d’Alger dans leur appartement » d’Eugène Delacroix qu’elle peint inlassablement depuis 2003 en lui réattribuant une vision contemporaine. Laisser son regard se poser sur ses dessins aux traits naïfs, sur ses grandes tapisseries, sur ses peintures telles des fresques murales et enfin sur ses lithographies, c’est s’offrir une infime partie de son monde, de sa culture, de ses territoires.

 

Lithographie imprimée et publiée par l’Atelier le Grand Village, © Dalila Dalléas Bouzar

 

Visuel de couverture : Lithographie imprimée et publiée par l’Atelier le Grand Village, © Dalila Dalléas Bouzar

 

Galerie Cécile Fakhoury