Derniers jours : les peintures de Roy G. Sfeir à la Galerie Samagra 

Derniers jours : les peintures de Roy G. Sfeir à la Galerie Samagra 

La galerie Samagra expose jusqu’au 9 novembre les toiles de Roy G. Sfeir. Né à Beyrouth en 1952 et installé en France depuis les années 1970, Sfeir peint des étendues abstraites où se joue une dialectique entre voilement et dévoilement, entre vision et cécité, articulée dans la matière picturale.

 

 

/// Emma Boutier

 

 

Roy G. Sfeir, Bandes vertes, 2024. Courtesy Galerie Samagra.

 

 

Sfeir travaille une matière diluée, qui semble évoluer sur la toile de façon hasardeuse. La forme finale du tableau ne peut être atteinte qu’après un long travail de recouvrement, dans la succession des couches de couleurs.

De ces aplats de peinture vaporeuse émane une lumière, qui s’immisce dans les interstices créés par les traces du pinceau. Des zones peintes à la verticale viennent se loger au coeur de larges bandes horizontales, devenant des perforations dans un grand voile occultant. L’on y devine des paysages, des formes concrètes qui ponctuent l’abstraction ambiante.

 

 

Roy G. Sfeir, Nuit animée, 2024. Courtesy Galerie Samagra.

 

 

Des touches de peinture plus vive, plus brute, viennent nous extraire de la rêverie déclenchée par les lavis brumeux. Des tracés incisifs quadrillent la toile, comme pour en affirmer la matérialité, et rappeler le spectateur à une réalité prosaïque. L’illusion est empêchée, retenue à la lisière de la toile. Tout se joue dans l’espace du cadre, dont les contours sont affirmés par un mouvement centrifuge.

 

 

Roy G. Sfeir, 4 points lumineux, 2024. Courtesy Galerie Samagra.

 

 

Mais si la matière est désignée comme le sujet principal de la peinture de Sfeir, des images s’imposent face à ces toiles qui jouent avec la sémantique de la perception. Devant cette grille chromatique réunissant mille nuances, ce sont les mystères d’un fond marin qui se révèlent à nos yeux.

Ses oeuvres s’intègrent subtilement à l’histoire de l’art. Bientôt la nuit emprunte la palette impressionniste du Bassin aux nymphéas de Monet (1899), faisant appel à la culture visuelle du spectateur. C’est comme si l’oeil du peintre en avait retenu les reflets sur l’eau, et les avait fait passer de détail à sujet principal. Ce faisant, l’artiste érige un simple miroitement au statut d’œuvre à part entière, en retravaillant ce phénomène sur toute la surface de la toile, lui offrant une matérialité garante de son existence autonome.

 

 

Roy G. Sfeir, Bientôt la nuit !, 2024. Courtesy Galerie Samagra.

 

 

 

Pour autant, les oeuvres de Sfeir ne répondent à aucun schéma préétabli. Elles résultent d’une expression pure, naïve, et traduisent une nécessité plus qu’un objectif conscientisé.

« Le sujet n’existe pas, c’est ma propre respiration, et mon humeur qui me dictent le souffle, le rythme, le ton » – Roy G. Sfeir

Le peintre se projette intuitivement dans sa toile, laissant ses sensations guider le pinceau, et les couleurs se rencontrer librement.

 

 

 

 

Galerie Samagra

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