Du 1er février au 17 mars 2018, la galerie Teodora présente l’exposition Faire apparaître, où se rencontrent trois jeunes peintres italiens, Romina Bassu, Simone Geraci et Rosario Vicidomini.
Cet hiver, la galerie Teodora consacre une exposition collective à trois jeunes peintres italiens pratiquant trois techniques différentes et trois manières singulières d’aborder la figuration en peinture. Il ne s’agit pas d’une exposition à thème mais, selon Angela Ghezzi, directrice de la galerie, de « nous proposer un regard sur la peinture, sur ce besoin de peindre, le tout, dans un dialogue polyphonique simultané ».
La peinture expérimentale de Rosario Vicidomini, né en 1986 et vivant à Rome, décline une série d’objets minéraux qui lui permettent non seulement d’aller chercher dans cette répétition la singularité de la texture de chaque pierre, mais aussi et surtout de faire de chacune l’occasion d’explorer les qualités de l’huile, qui se fait ici tour à tour transparente, compacte, sensuelle ou froidement lisse. Davantage que la représentation d’un objet, c’est la peinture qui devient ici un objet ductile et appellerait presque la main du spectateur après celle de l’artiste, d’autant plus que la volumétrie soigneusement étudiée par l’artiste fait surgir la masse colorée vers lui et l’incite à s’en saisir, au moins par l’esprit. Romina Bassu, née en 1982 et également basée à Rome, fait un usage original de l’acrylique dans ses compositions figuratives figurant les débuts de la société de consommation dans la bourgeoisie des années 1950. Elle met en scène de déroutantes mises en abyme dans lesquelles ses personnages manient le pinceau et le crayon, par exemple pour effacer le visage de l’autre ou faire apparaître sa silhouette, devant un fond neutre à la monochromie légèrement délavée qui déréalise ces instants et fait apparaître ces hommes et ces femmes comme d’étranges pantins dont les gestes ne découlent que de leur identité sociale. Quant à Simone Geraci, peintre,dessinateur et graveur né en 1985 à Palerme, il se tourne lui aussi vers la figuration et condense pratique artistique et archiviste, puisqu’il puise ses sujets dans photographies, des documents anciens, des albums de famille, matériel qu’il chine dans les marchés aux puces. Cette transposition a abouti en 2017 à une série de portraits de jeunes femmes baignant dans une aura monochrome, le plus souvent rouge, où le modèle est saisi partiellement, par des gros plans coupant une partie de son visage ou de son corps. Ces délicates images cinématographiques sont réalisées à l’huile sur ardoise, une technique empruntée à Sebastiano del Piombo qui confère à la composition une douceur qui redouble celle de ces regards voilés et de ces corps à peine dévoilés.
Trois univers dont l’exposition souligne donc les sensibilités similaires tout autant que leur manière particulière de renouveler un certain type de médium, qui affirme la vigueur de la tendance figurative dans la jeune peinture contemporaine.
Vernissage le jeudi 1er février
Texte : Alix Ricau
Crédit Visuel : Simone Geraci, Stille, 2017 ©Galerie Teodora