Faire parler les chahuts silencieux

A travers sa pratique du dessin, Sarah Navasse fait parler avec subtilité les silencieuses souffrances que peuvent faire naître la gestation et la procréation chez l’être humain. Elle présente cette exposition intitulée Les chahuts du silence à la Galerie Marie Vitoux du 27 janvier au 12 mars.

 

/// Quentin Didier

 

L’œuvre de cette artiste cherche depuis quelques temps maintenant à interroger notre rapport au corps, à cette enveloppe organique qui façonne chez nous bien plus que notre apparence physique. Ce nouveau travail aborde la thématique de la grossesse chez sapiens, question souvent taboue au sein de notre société, mais qui influe particulièrement sur le corps et l’esprit. Le chahut qui donne son nom à cette nouvelle série de dessins semble concerner ce chamboulement parfois intense et difficile qu’impose procréation et gestation. Pour certains la conception est semée d’embuches, alors que d’autres subissent des déboires pendant ces fameux 9 mois ou encore après ceux-ci.

Ce qui rend cette thématique universelle, est sa capacité à parler à beaucoup, et surtout parler d’une manière silencieuse et quasiment insidieuse. En effet, malgré les évidents et fulgurants progrès de la médecine au fil du temps, il n’est pas toujours aisé d’expliquer et de justifier l’apparition de tels ou tels problèmes. C’est ce mystère qui semble intéresser Sarah Navasse dans ce projet artistique qui réunit des dessins sur papier, sur tissu, ou encore sur verre.

 

 

Elle construit un imaginaire qui cherche à parler à tout être humain. Elle figure pour cela des personnages qui ne possèdent pas de visages de manière à ce que tout le monde puisse s’y identifier. Leurs souffrances est explicitement représentée, les protagonistes apparaissent abattus, en proie à des émotions sans commune mesure. La forte et régulière surimpression présente dans ses œuvres composent une esthétique onirique et métaphysique qui subjugue le spectateur.

 

 

Dans ces nouvelles créations, Sarah Navasse hybride les styles en conjuguant des références théologiques, classiques avec la figure de la madone, et des traits de crayon qui semble pixéliser l’image et évoquer le monde numérique. Il y a beaucoup à voir dans le travail de l’artiste, beaucoup à appréhender, à ressentir dans ce monde bouleversant d’intenses émotions.

 

 

Visuel principal : Sarah Navasse, Paternité, 2021, Graphite et aquarelle sur papier-111x161cm