Giacometti et les surréalistes

Giacometti et les surréalistes

Pour sa nouvelle exposition, l’Institut Giacometti à Paris nous plonge dans les quelques années où le célèbre sculpteur adhère au fameux mouvement d’art moderne. De 1930 à 1935, Alberto Giacometti fréquente les surréalistes parisiens et lie des amitiés qui vont donner à l’art moderne de superbes lettres de noblesse.

/// Quentin Didier

 

Arrivé à Paris en 1922 pour y suivre sa formation à l’Académie de la Grande-Chaumière, l’artiste Suisse développe un gout prononcé pour l’avant-garde. Au fil de ses rencontres avec les acteurs parisiens de ce courant artistique, de fortes amitiés se tissent entre lui et Louis Aragon et bien évidemment André Breton – Giacometti intègre alors l’école esthétique de ce dernier. Nous sommes au début des années 30, et Alberto Giacometti, jeune sculpteur très prometteur, devient le sculpteur du surréalisme.

Pour cette exposition intitulée Les amitiés surréalistes, l’Institut Giacometti a pu obtenir l’une des premières pièces que le créateur composa lors de cette période. Boule suspendue est une œuvre en métal et en plâtre au sein de laquelle une sphère en suspension peut se mouvoir sur un croissant de lune. Les inspirations avant-gardiste et cubiste sont évidentes, et cette intrigante sculpture qui tend aisément vers le sublime devient une pièce phare au sein des expositions proposées par les surréalistes.

 

Alberto Giacometti, Boule suspendue, 1931, Bois, fer et corde, 60,4 X 36,5 X 34 cm, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle, Paris, Photo Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist RMN-Grand Palais © Adagp, Paris 2022

 

Giacometti fréquente les plus grands artistes de cette période bénie. L’exposition présente alors quelques œuvres de maitres comme Joan Miró, Max Ernst, Pablo Picasso ou encore Salvador Dali pour témoigner de la véritable intensité créative qui émane au début de ces années 30.

 

Salvador Dalí, Guillaume Tell, 1930, Huile et collage sur papier 113 X 87 cm, Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle Photo Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Claude Planchet © Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí Adagp, Paris 2022

 

Le sculpteur suisse suit lui-même l’esthétique du surréalisme dans ses travaux, cristallisant par exemple sa douleur et sa peine à la mort de son père en une sculpture polyédrique nommée sobrement « Cube ». Mais rapidement Alberto Giacometti se détache du mouvement, revenant à d’autres influences. L’objet invisible sonne le glas, l’artiste composant une pièce d’inspiration réaliste dont il déclare ne pas en être totalement satisfait. Il n’en reste que la période surréaliste de Giacometti laisse derrière elle des œuvres qui figurent parmi les plus étonnantes du sculpteur. Les « amitiés surréalistes » qu’il noua ont pu se matérialiser par différents créateurs sur différents médiums : en peinture, en sculpture, en photographie, en littérature…

 

Max Ernst, Tête d’homme, 1947, Huile sur toile – 50,8 X 30,3 cm, Fondation Giacometti, Cadeau de l’artiste à Alberto Giacometti © Adagp, Paris 2022

 

Visuel principal : Alberto Giacometti, L’Objet invisible, 1934, Plâtre, 153 X 32 X 29 cm, Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti / ADAGP, Paris 2022

 

Institut Giacometti