L’exposition collective des résidents de la Casa de Velázquez

L’exposition collective des résidents de la Casa de Velázquez

Intitulée « Itinérances », l’évènement qui présente le travail de 15 résidents de l’Académie de France à Madrid passe par le Pavillon de la Comtesse de Caen du 20 janvier au 6 mars. La superbe enceinte de ce bâtiment de l’Académie des Beaux-Arts à Paris, propose une expérience artistique pluridisciplinaire extrêmement bien ancrée dans son époque.

/// Quentin Didier

 

La Casa de Velázquez accueille chaque année 30 artistes d’origines diverses pour développer des projets artistiques variés avec pour lien commun la zone géographique qui borde la capitale espagnole (de la Péninsule Ibérique à l’Afrique du Nord et en passant parfois par des pays latino-américains). La promotion 2020-2021 a dû, comme la précédente, faire face à une situation sanitaire délicate qui ne permettait pas toujours de penser le futur avec une réelle sérénité. Les résidents ont donc composé avec le présent, le présent de leur séjour à Madrid, et celui qui définit aujourd’hui le pays.

En effet on relève plusieurs projets qui interrogent l’histoire et la mémoire de la société espagnole, mais aussi par extension ce qu’elle est à ce jour. Adrian Schindler réalise par exemple une œuvre dans les arts visuels, diptyque vidéo et posters, sur la question du colonialisme hispanique au Maroc. Il reporte des récits biographiques, des témoignages d’une époque qu’il est nécessaire d’assumer et de comprendre pour les peuples.

 

ADRIAN SCHINDLER – Spectres du Maroc, performance, Centre d’art Le Lait, Albi, 2020, crédit photo: Phœbé Meyer

 

Callisto McNulty s’est elle intéressée à la dernière léproserie d’Espagne, le Sanatorium de Fontilles dans la province d’Alicante. Ses films portent un intéressant regard sur ce vestige, symbolique frontière au sein de la société.

 

CALLISTO MC NULTY – Fontilles, 2021. Image tirée du film.

 

La question d’identité est étroitement liée aux frontières. Iván Castiñeiras aborde ces notions culturelles, géopolitiques et historiques en réalisant ses métrages entre documentaire et fiction en Galice. Il y conte le parcours de vie de Mariana, une jeune fille qui déambule dans les paysages de cette région frontalière avec le Portugal.

 

IVAN CASTIÑEIRAS – Geografías intímas, 2021

 

L’exposition « Itinérances » dévoile des travaux particulièrement liés à notre société contemporaine et à ses enjeux. Les résidents ont en effet du composer avec le poids d’une crise sanitaire symptomatique d’un monde malade. Clara Marciano inclut ces questions dans d’imposants dessins semblables à des fresques. Plusieurs enjeux (catastrophe écologique, défi migratoire, rapports de domination entre individu…) sont imagés et imbriqués avec les autres comme pour évoquer un problème somme tout assez global.  

 

CLARA MARCIANO – Paseo, 2021. Dessin au crayon, 1.50 m x 2.50 m.

 

Cette exposition protéiforme présente également des œuvres sur d’autres thématiques (recherches sur les matériaux et la technique dans l’art contemporain, psychanalyse sociale, rapport langage-image, etc…), sur autant de médiums que l’art contemporain dispose. Tout est bien entendu relié par l’audace, la maîtrise, et la pertinence des résidents de La Casa de Velázquez.

 

 

XIE LEI – Évanescent, 2020. Huile sur toile, 150 cm. x 190 cm.

 

Visuel principal : LIZA AMBROSSIO – Entropía, 2021. Photographie, 1.5 m. x 1 m. 

 

Pavillon Comtesse de Caen de l’Académie des Beaux-Arts