Goudji et le merveilleux de l’orfèvrerie

Goudji et le merveilleux de l’orfèvrerie

Si l’on pense que la magie n’existe pas, il faut découvrir l’exposition « Rêves de lumière » à la Galerie Capazza à Nançay, qui nous en convainc.

L’exposition propose une vingtaine d’œuvres de l’orfèvre Goudji à la Galerie Capazza.  « Rêves de lumière » fait écho à la rétrospective dédiée à Goudji par le musée Masséna de Nice, du 9 juillet au 19 septembre 2021.

/// Eléonore Blanc

Né en 1941 à Batoumi en Géorgie, Goudji étudie la sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Tbilissi avant de fuir sa région natale et de rejoindre Moscou où il débute sa carrière de sculpteur. En 1974, Goudji peut enfin quitter l’URSS et s’installe en France. La découverte de la liberté de créer le conduit vers la confection d’objets en métaux précieux.

Son monde est peuplé d’un bestiaire fabuleux : oiseaux aux ailes précieuses, buffles aux cornes magiques, licornes d’or, poissons aux écailles d’incrustations de pierreries…mais également de légendes anciennes. De nombreux mythes oubliés sont réveillés par l’artiste, qui les matérialise grâce à des personnages aux attitudes presque allégoriques.

La foisonnante production de l’artiste ne se limite pas aux objets d’arts décoratifs puisqu’il créait des bijoux. Et quels bijoux ! Il faut observer ses joyaux contemporains aux formes primitives ou encore une de ses spécialités, les épées d’académicien montées sur d’anciennes lames. Recevant de nombreuses commandes religieuses, Goudji réalise diverses créations pour la cathédrale de Chartres, ou encore pour Notre-Dame de Paris, dont une cuve baptismale, une aiguière et un chandelier pascal, miraculeusement sauvés lors de l’incendie de la cathédrale survenu en 2019.

Goudji, Torque au pendentif – Argent, pyrite de fer, ébène et chrysoprase, 23 x diamètre 16 cm © Galerie Capazza, Denis Durand

Goudji forge lui-même ses outils : fondus, laminés, montés…Il modèle ses pièces à la main et réalise ses alliages de métaux, toujours spécialement conçus pour chaque pièce unique. Il est un artiste et un artisan, brisant la frontière qui sépare les deux. Les œuvres exposées à la Galerie Capazza illustrent son esthétique qui s’amuse avec les matériaux : le jeu des combinaisons de matières dépasse les conventions d’association de couleurs.

Il utilise des matières premières telles que l’onyx, l’obsidienne, l’améthyste, la cornaline ou encore l’ébène en association avec le métal ouvragé. Le plat Le Printemps des Oiseaux en est un magnifique exemple. Une lumière presque surnaturelle s’en dégage et donne une âme poétique à l’objet. La préciosité de cette pièce d’orfèvrerie s’associe avec une fonction utilitaire.

Goudji nous ravit par son extraordinaire talent de conteur. Nous plongeons dans un univers d’antan. Ses créations semblent venir d’un monde disparu. Comme l’aventure du manuscrit de Samarcande, nous avons l’impression en contemplant ses œuvres, qu’elles ont été égarées et retrouvées des siècles plus tard. Nous sommes conduits sur la route de la soie à travers des cités envoûtantes, ou encore sur les terres d’Egypte ancienne…

Observons La Fête du Silure : Un homme au turban porte au-dessus de sa tête un silure, poisson d’eau douce ayant toujours suscité des réactions de passion ou de rejet. Le personnage semble supporter le poisson avec fierté. Dévoilant un univers sacré et mythologique, Goudji pare ses pièces d’une puissante charge symbolique.

Goudji, La Fête du Silure – Argent, agate, cristal Tourmaline, serpentine, chrysoprase et onyx, 64 x 38 x 14 cm ©Galerie Capazza, Denis Durand

Le Gravelot à collier interrompu, espèce de petit limicole côtier en voie de disparition, est représenté par Goudji, à l’arrêt, sa tête relevée vers nous. Cette pièce d’orfèvrerie est réalisée en argent et en cristal, aux ailes ornementées de serpentine, d’onyx et de sarrancolin. Ce riche habillage évoque les salières créées par Benvenuto Cellini (1500-1571), qui comme Goudji, alliait son talent de sculpteur à l’orfèvrerie.

Les animaux sont stylisés comme ce taureau, Rython aux belles cornes. Cette coupe d’où s’évade la tête gracile d’un taureau aux cornes en fluorite et ébène n’est pas sans rappeler les rythons de l’empire hittite. Ces vases permettaient également de remplir des fonctions religieuses comme des libations, utilisées pour verser un liquide sur l’autel d’une divinité.  

Goudji, Rython aux belles cornes – Argent, onyx, fluorite, sodalite et ébène, 36 x 38 x 15 cm
©Galerie Capazza, Denis Durand

L’exposition « Rêves de lumière » à la Galerie Capazza à Nançay est le rendez-vous immanquable de l’été. Nous avons en effet l’opportunité de rencontrer l’œuvre du « plus grand orfèvre de notre époque » selon Daniel Alcouffe, conservateur honoraire au musée du Louvre.

« Goudji est à mes yeux, le plus grand orfèvre français de notre époque. Thomas Germain fuit celui du XVIIIe siècle, Froment-Meurice celui du XIXe siècle, Puiforcat celui du XXe siècle et Goudji celui du XXIe siècle ».

Goudji, Le Printemps des Oiseaux – Argent, aventurine, jaspe, sodalite, amazonite, œil-de-fer et nacre, 6 x 49 x 20 cm – ©Galerie, Capazza, Denis Durand

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