Du 6 octobre au 25 novembre, la Galerie Wallworks présente l’exposition TanDEM-X de l’artiste allemand Hendrik Czakainski, une réflexion singulière autour du monde et des environnements modernes, à l’ère de la modélisation et de la cartographie terrestre.
Souvent présentées comme agent de progrès, d’ouverture et d’expériences inédites, les technologies de l’information connaissent ces dernières années un rythme d’accélération et de généralisation jamais égalé. Couplées à la globalisation et la mondialisation qui caractérisent les sociétés modernes actuelles, elles transforment – voire façonnent – le monde et ses modes de représentation, en témoignent les imageries satellites. En poussant ainsi toujours plus loin la virtualisation du monde et de l’existence, n’y a-t-il pas un risque de « désincarnation » ? C’est autour de ce questionnement quasi métaphysique que s’articule la démarche artistique d’Hendrik Czakainski, qui offre une expérience aussi surprenante que fascinante, renouvelant les codes du street-art.
A partir d’échantillons visuels collectés par deux satellites radar nommés TanDEM-X – d’où le nom de l’exposition – et de matériaux divers, Hendrik Czakainski crée des environnements urbains en trois dimensions, proposant une vision du globe terrestre « vu d’en haut » dépourvu de toute humanité. Fortement inspiré de l’architecture et du développement urbain, l’artiste façonne ainsi des villes imaginaires ; des cités post-humaines chaotiques, presque hostiles, où seules les lignes et formes de tracés architecturaux suggèrent une présence vivante. Ses compositions abstraites – et pourtant si tangibles – résonnent telle une allégorie de la désincarnation induite par les technologies de l’information, incitant le visiteur à se questionner quant aux nouveaux modes de représentation du monde. Les compositions d’Hendrik Czakainski embrassent également une dimension plus sociale : oscillant sans cesse « entre ordre et chaos, norme et déviation, le concret et l’abstrait » pour reprendre les termes de l’artiste allemand, celui-ci cherche à montrer « le choc qu’imposent la globalisation, l’industrialisation et les changements démographiques ». Artiste urbain, contemporain et engagé, Hendrik Czakainski inscrit donc son art dans un cadre conceptuel inédit, s’appropriant la modélisation numérique et la cartographie terrestre pour sensibiliser aux ravages de la mondialisation capitaliste.
Vernissage le jeudi 5 octobre de 19 à 22h
Texte : Léa Houtteville
Crédit visuel : Hendrik Czakainski, 14.320 [détail], 2017, MDF, carton, tissu, béton et peinture, 280 x 120 x 13 cm © Hendrik Czakainski