HUMPTY \ DUMPTY, projet inédit de Cyprien Gaillard à l’automne 2022, est une exposition en deux chapitres présentés au même moment au Palais de Tokyo et à Lafayette Anticipations. C’est autour d’une réflexion sur le temps, ses traces, ses effets, et les relations que l’humain noue avec lui, que l’artiste imagine cette proposition présentée entre le 19 octobre 2022 et 8 janvier 2023.
/// Lolita Fragneau
Cyprien Gaillard est né à Paris en 1980, il vit et travaille désormais à Berlin. Diplômé de l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL), il a reçu de nombreux prix tels que le Arken Art Prize, le Best Experimental Short Film, au Festival International du Film de Melbourne (2016), le Prix de la Nationalgalerie (2011) et le Prix Marcel Duchamp (2010). Sa pratique protéiforme mêle collage, photographie, sculpture, performance et vidéo. Sa démarche interroge les traces laissées par l’être humain, les rapports que nous entretenons avec le monde, notamment au travers de l’architecture et des espaces construits.
Alors que Paris restaure ses monuments les plus prestigieux et en efface les marques d’usure en préparation des Jeux Olympiques, Gaillard révèle comment la ville constitue un terrain privilégié d’expression de l’entropie (de la dégradation, du désordre et de l’imprévisible), et comment, en retour, l’humain lutte contre ses traces et ses effets. C’est dans les marges, les recoins, et les espaces de dissidence que l’artiste sonde nos désirs d’ordre, de permanence et de constance et trouve les récits de nouveaux équilibres possibles. Le titre du projet HUMPTY \ DUMPTY, tiré d’une comptine anglaise du XVIIIème siècle, popularisée par le roman De l’autre côté du miroir de Lewis Carroll, fait référence à ce personnage en forme d’œuf tombé d’un mur, et qui, malgré de multiples tentatives, ne pourra retrouver son état originel.
Au Palais de Tokyo, le premier chapitre de l’exposition, rassemble une sélection d’œuvres inédites ou encore jamais présentées en France. C’est au travers de la relation entre le corps et l’architecture, les territoires délaissés, les évocations de la guerre ou encore les espèces invasives, que Gaillard fait un portrait de notre lien à l’effondrement et à la reconstruction. En creux se racontent l’obsession de la préservation des êtres et de la conservation des choses, et la tentation permanente de maintenir ou de retrouver un certain ordre du monde.
À Lafayette Anticipations, dans le second chapitre de l’exposition, l’artiste redonne vie à une œuvre tombée dans l’oubli. Sculpture monumentale installée depuis 1979 au cœur de Paris dans le quartier de l’Horloge, alors en pleine construction, l’automate Le Défenseur du Temps de Jacques Monestier, une horloge unique au monde, est constituée d’un homme juché sur un rocher muni d’un glaive et d’un bouclier. Les derniers mouvements de l’automate ont eu lieu en 2003, il est depuis resté paralysé, abandonné progressivement à l’érosion. Cyprien Gaillard propose de lui redonner vie et d’œuvrer à sa renaissance en affirmant qu’il a « toujours eu cette idée de souffler une nouvelle vie dans l’œuvre d’un autre, parce que j’étais particulièrement intéressé par le sort qui est réservé aux œuvres d’art publiques et surtout celles qui se retrouvent dans une forme d’anonymat. Le Défenseur du temps est encore plus symbolique de cette idée d’une nouvelle vie puisqu’il a été en mouvement et puis s’est arrêté. »
Lafayette Anticipations – Fondation d’entreprise Galeries Lafayette
- Adresse : 9 rue du Plâtre
- Code postal : 75004
- Ville : Paris
- Pays : France
- Site Internet : https://www.lafayetteanticipations.com/fr