Du 7 décembre 2017 au 14 janvier 2018, Isabelle Brizzi présente avec une quarantaine de sculptures son bestiaire à la galerie Estades de Paris. Une occasion de retrouver ou de découvrir son monde empreint d’humour et de tendresse.
La dinde de Russell, le lion de Nietzsche, l’oie de Kierkegaard. Si l’on parcourt l’histoire de la philosophie, il est indéniable que le recours à des métaphores animales est fréquent. Il permet de mieux définir la condition de l’homme. A travers notre rapport avec les animaux, ce sont nos valeurs, notre regard au monde qui transparaissent. La perception sur les animaux de certaines sociétés d’Amérique du Sud est ainsi différente du mode de pensée occidental, puisqu’il n’est pas rare de doter les animaux de caractères proprement anthropologiques, sociaux ou mentaux.
La sculptrice Isabelle Brizzi a choisi de faire des animaux son sujet de travail, et ses œuvres – par leur empathie – engagent à questionner notre rapport au monde. Son travail est divisé en deux temps : À une observation rigoureuse de l’anatomie animalière et une étude sur le mouvement qu’elle effectue dans des zoos, des parcs animaliers, ou des musées ; elle introduit dans un second moment sa touche personnelle, créative, s’inspirant du caractère inhérent à l’animal qu’elle étudie. Isabelle Brizzi réussit à « mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur », comme le préconisait Henri Cartier-Bresson pour la photographie. Son œuvre réunit l’observation, l’analyse et l’interprétation, pour ne faire plus qu’un et même monde, surprenant certes, empreint d’humour, mais surtout de douceur.
Née en 1959, elle est la petite-nièce des frères Scudéri, frères sculpteurs animaliers et propriétaires d’une fonderie à Clamart qui l’initient au modelage. Ils travailleront notamment avec Giacometti, Miro et Dali. Elle débute sa carrière dans le dessin d’animation mais revient rapidement à son intérêt premier : la sculpture animalière. Sa rencontre avec le galeriste Michel Estades est déterminante, puisque conquis, il décide de l’exposer de manière permanente dans ses galeries. De son passage dans l’animation, elle a retenu la justesse et l’équilibre de la courbe, mais aussi l’aptitude à installer le général dans le particulier, l’essentiel dans le détail : par des formes épurées, Isabelle Brizzi capte l’essence même de l’animal, comme pris sur le vif.
Son bestiaire, composé d’une quarantaine de sculptures, est un monde surprenant. De sa Panthère aux courbes élégantes, on jurerait distinguer le pas feutré, tandis que l’oiseau Aube immortalise l’instant où, mué par le désir insatiable de liberté, il tente de prendre son envol mais est contraint par sa forme à l’immobilité éternelle. Ces sculptures sont des histoires, des caractères, mais aussi comme l’écrivait Jacques Seguin sur Isabelle Brizzi « un défi au temps qui passe ».
Vernissage le jeudi 7 décembre à partir de 18h.
Texte : Alix Meynadier
Crédit visuel : Isabelle Brizzi, Panthère, Bronze original, 17 x 13 x 38 com ©Galerie Estades