Du 8 décembre au 14 janvier, la Galerie MathGoth présente l’exposition Je t’aime un peu, beaucoup… Gouzou ! dans laquelle l’artiste Jace donne vie de manière tendre et ludique aux aléas du sentiment amoureux au travers de son personnage fétiche, le Gouzou.
Quels points communs peut-on trouver entre les rues du Havre où Jace a vécu sa petite enfance, la médina de Marrakech, la galerie MathGoth, les bâtiments de brique new-yorkais et les toilettes de l’édition 2017 de la biennale d’art contemporain de Venise ? Tous ces lieux ont accueilli des Gouzous, petits bonhommes jaunes au graphisme simple proche du cartoon, qui fleurissent sur le passage de l’artiste réunionnais depuis 1992. Jace disait même, dans une interview pour France 3 en 2012, rêver d’en poser un sur la face visible de la Lune ! C’est dire si ce personnage si caractéristique a vocation à se rendre visible à tous, n’importe où et à n’importe quel moment. Le style coloré et joyeux de cette figure sans visage au graphisme pourtant si expressif utilise ainsi les références les plus diverses, de Mario, mascotte du groupe Nintendo bien connue des plus jeunes, à des thèmes plus sombres comme le suicide ou la pollution urbaine. Et toujours avec l’humour et la légèreté puisés dans la scène street art de l’île de la Réunion et dans les bandes dessinées appréciées par Jace, qui rendent les Gouzous si facilement accessibles.
L’artiste, dont le visage reste le plus souvent masqué par un grand chapeau et des lunettes de soleil, écume donc les villes, carnet en main, et s’inspire de l’actualité et de ses voyages pour mettre en situation les Gouzous : les plus aboutis sont tagués dans l’espace urbain ou bien reproduits sur des panneaux de bois, des panneaux signalétiques ou des toiles de lin. Le travail d’atelier lui permet de laisser de côté la mise en situation pour créer des compositions plus incisives, portant un regard humoristique mais critique sur les travers de la société contemporaine. Autant de moyens pour le spectateur d’apprivoiser ces petites figures si attachantes, car le Gouzou a en effet le pouvoir quasi systématique de déclencher, chez les adultes comme chez les enfants, une irrésistible vague d’affection. Sa conquête de l’espace pictural lui permet ainsi également de développer une relation plus intime avec le spectateur. Dans l’exposition Je t’aime un peu, beaucoup… Gouzou !, Jace a cette fois choisi d’illustrer les déboires et les bonheurs amoureux les plus divers au travers de la quarantaine d’œuvres malicieuses, ironiques ou touchantes où le petit personnage évolue parmi des cœurs cartoonesques et rouge criard. Ces saynètes inventives dépeignent avec gaieté les hésitations et les méandres du cœur humain, suscitant tour à tour le rire, l’attendrissement ou une légère amertume, toujours teintée cependant d’un certain enjouement. Utilisant un vocabulaire commun à tous, à l’image du titre de l’exposition, l’artiste convoque nos souvenirs d’enfance et nos expériences intimes pour permettre à chacun de se retrouver sous les traits ludiques de ses petites mascottes.
Vernissage le vendredi 8 décembre à partir de 18h
Texte : Alix Ricau
Crédit Visuel : Jace © Galerie MathGoth