Jean-Charles de Castelbajac – L’imagination au pouvoir

Du 12 décembre 2025 au 23 août 2026, Les Abattoirs Musée – Frac Occitanie Toulouse consacrent une exposition à Jean-Charles de Castelbajac. L’imagination au pouvoir se veut être une célébration du créateur de mode au travers de trois cents œuvres répartis sur 900 m², comprenant vêtements, objets de design, dessins et photographies. Ceux-ci attestent de l’infinie inventivité de l’artiste et de ses multiples facettes. 

///Gaël Martin

 

Aux Abattoirs de Toulouse, L’Imagination au pouvoir célèbre six décennies d’un créateur qui n’a cessé d’abolir les frontières entre la mode et l’art. Plus qu’un couturier, Jean-Charles de Castelbajac est un artiste total, dont les manteaux, robes et accessoires deviennent sculptures, manifestes ou collages à l’échelle du corps. Depuis ses débuts à la fin des années 1960, Castelbajac détourne le quotidien pour en faire un langage poétique.

Ses premières vestes en couvertures ou serpillières mobilisent les codes de l’Arte Povera et du Nouveau Réalisme pour proposer un art du détournement et de la résistance. En mêlant matériaux dits pauvres et imagination flamboyante, il érige son art vestimentaire en refuge, en abri. Les “vêtements-sculptures” composés d’objets accumulés, dont des ours en peluche, des gants, des pelotes de laine, évoquent les travaux du sculpteur Arman (1968-2005) ; ses silhouettes colorées répondent aux étendards du Pop art.

À travers ses collaborations avec des figures phares de la scène contemporaine telles que Keith Haring (1958-1990), Robert Mapplethorpe (1946-1989), Ben (Benjamin Vautier, 1935-2024), Robert Combas (né en 1957), Cindy Sherman (née en 1954) ou Bettina Rheims (née en 1952), Castelbajac a transformé la mode en scène expérimentale, où la peinture, la photographie et la musique se croisent librement. Il a mis leurs talents à contribution pour des cartes d’invitations, des décors et ses “robes tableaux” de 1980 pour lesquels Jean-Charles Blais (né en 1956) et Annette Messager (née en 1943) ont également participé. Ses défilés deviennent, ainsi, le lieu de performances colorées où se déploient de véritables tableaux en mouvement. Son emploi de couleur primaires renvoie à ses diverses inspirations, puisées tant dans l’héraldique que dans la culture populaire.

Cette exposition immersive, scénographiée par Pascal Rodriguez, retrace une épopée pop et spirituelle : des robes-poèmes inspirées de Cocteau ou de Nerval, aux habits liturgiques dessinés pour Jean-Paul II ou la réouverture de Notre-Dame de Paris. Entre sacré et streetwear, humour et ferveur, Castelbajac fait dialoguer la matière et les idées pour créer un riche espace de réflexion artistique.

Aux Abattoirs, les bannières suspendues, les collages monumentaux et les vêtements-icônes forment un paysage où la création devient langage universel : celui de la liberté. En abolissant les cloisons entre l’art, la mode et la vie, Jean-Charles de Castelbajac accomplit le rêve d’un art total, généreux et joyeux ; Et dans ce grand poème textile, tout semble redire, en filigrane : l’imagination est encore et toujours le plus beau des pouvoirs.

 

Légende de l’image mise en avant : Jean-Charles de Castelbajac, Sans titre, 2025, dessin et collage, archives Castelbajac © Jean-Charles de Castelbajac