Kyung-Ae Hur, La couleur révélée

Kyung-Ae Hur, La couleur révélée

La galerie Berès, au 35 rue de Beaune, présente du 18 mai au 25 juillet l’exposition La couleur révélée, présentant les œuvres de l’artiste coréenne Kyung-Ae Hur.

Il est difficile de qualifier le travail de Kyung-Ae Hur. Elle n’est pas vraiment peintre, pourtant, la peinture est son outil pour créer des épaisseurs de couleurs. Elle n’est pas sculptrice, même si elle creuse, ensuite, dans cette matière pour en faire jaillir ses œuvres. Elle n’a pas, non plus, de diplôme en archéologie, malgré cela, elle fouille, couche par couche, dans la profondeur de l’acrylique pour y trouver ce qu’elle recherche.

Les grandes toiles de Kyung-Ae Hur se séparent en deux parties. Un aplat de couleur parfois blanche, parfois fluorescente, passant d’un rouge vif à un jaune luminescent, d’un bleu électrique à un vert intense, s’étale sur la partie inférieure du tableau. L’homogénéité s’oppose alors à une multitude de couleurs, qui s’agencent en traits fins et indénombrables, d’où s’émane une énergie telle, que la toile semble en mouvement. Même frontalement, il est facile de deviner la légère tridimensionnalité de l’œuvre, où la matière s’est vue être creusée, scarifiée, transformée. Comme face aux fils polychromes des installations des Sheila Hicks, notre regard se perd dans les reliefs de cette nuée de nuances et de couches, à la recherche de chaque détail chromatique.  

Mais les deux parties de la toile ne sont ni nettement, ni brutalement séparées : la limite entre elles est brouillée, au profit d’un essaim de traits, cette fois courts et disposés en désordre. Les milliers de lignes colorées, telle une peinture liquide qui, sans assez de temps pour se fixer sur la surface du tableau, aurait coulée, se répandent alors sur la partie inférieure, bousculant la sérénité de la couleur dominante. Grattées dans les couches de couleurs, les écorces tombent, mais sont récupérées par Kyung-Ae Hur, pour créer un nuage qui se déploie. 

L’artiste nous révèle alors la nature éphémère de toute matière : cette composition chromatique qui domine la composition semble peu à peu s’émietter, se décomposer, pour revenir à la couleur blanche initiale de la toile, la citation « Souviens-toi que tu es né poussière et que tu redeviendras poussière » fait alors écho dans notre esprit. 

Texte : Angèle Imbert

Crédit Visuel : Kyung-Ae Hur, Acrylique sur toile