L’aventure générale, présentée au Centquatre du 10 octobre au 6 décembre 2020, propose de remonter le cours d’une œuvre plurielle de cet inépuisable voyageur dans le domaine de l’art, de la photographie, du cinéma, de la littérature.
/// Stéphane Gautier
Le secret d’un œuvre, la source de son énergie sont dévoilées tout autant que l’acharnement de son auteur à rester discret et même à se dérober. Plutôt qu’une exposition rétrospective, Alain Fleischer préfère nous convier à une Aventure générale conçue en complicité avec Danielle Schirman, sa compagne, et avec Dominique Païni, grand connaisseur de son œuvre, pour nous émouvoir et nous faire découvrir les secrets d’un univers foisonnant où « le réel n’est que l’envers de l’illusion ».
L’exposition au Centquatre, plutôt prospective, permet de prendre la mesure du travail d’un artiste fécond qui expérimente sans relâche et refuse de s’installer dans une rassurante harmonie.
Son exigence plastique est telle qu’il est toujours en prise avec le monde tel qu’il devient. D’où ses références aux désastres du XIXème siècle et cette turbulence qui emporte et tourmente sa création : le sort de ses images-leurs migrations et leur résistance à la destruction-reflète le sort de l’humanité contemporaine.
Au Centquatre, Alain Fleischer investit la Halle Aubervilliers avec une installation monu-mentale « Nowhere / No here » et la réinterprétation d’une œuvre Amas de meubles et canalisations.
Il expose par ailleurs un ensemble d’œuvres retraçant un parcours de plasticien, cinéaste, romancier, photographe : Autant en emporte le vent, L’empire des lumières, Le regard des morts, Le voyage du brise-glace, l’escalier sous la mer, L’embarquement pour Cythère, Papiers d’argent…
« Un artiste a une sensibilité, des idées, des goûts, des opinions, des besoins, des désirs, des obsessions, des engagements, un éthique, des rêves. Un artiste peut avoir du talent, des projets, des ambitions, des exigences, une stratégie, des admirateurs, des marchands, des galeristes, des collectionneurs. Tout cela n’est encore rien : un artiste a un monde. Sa part à lui d’un monde qui est à tous.
C’est un monde, le mien, que je tente de montrer dans mon exposition au Centquatre. Et de quoi ce monde est-il fait, que contient-il ? Des visages, des objets, des animaux, des meubles, des jouets, des miroirs, des images fixes et en mouvement, des voix, des sons, des projections, des lumières, des ombres, des machines, des leurres, des jeux, des reflets. Et qu’arrive-t-il à ce monde ? Des aventures, avec leurs expériences, leurs explorations, leurs risques, leurs découvertes, leurs moments de méditation, de mélancolie, d’exaltation, de jubilation.
Je ne serais jamais devenu un artiste si je n’avais pu trouver dans la création un aventure, et même l’autre grande aventure de ma vie, avec celle de l’amour qui lui, est inséparables. Il faut comprendre le titre « L’aventure générale » comme un extension de l’aventure à tous les domaines de la pensée, des affects, des langages artistiques que j’aime pratiquer, l’extension de l’aventure a un inépuisable intérêt pour l’humain et a une curiosité insatiable pour l’univers des formes où le réel, comme on l’appelle n’est que l’envers de l’illusion. »
Alain Fleischer