La provocante exposition qui fait se manifester l’Enfer

La provocante exposition qui fait se manifester l’Enfer

La transgression est reine du 27 novembre au 15 janvier à la Galerie Sabine Bayasli. Une cinquantaine d’artistes présentent leur vision de l’Enfer à travers des œuvres qui frôlent l’indécence, et repoussent les limites de l’interdit.

/// Quentin Didier

 

Fut un temps, les bibliothèques réunissaient les œuvres considérées comme immorales dans des sections à l’écart, à l’abri des regards. On appelait celles-ci « L’Enfer », et c’est ce nom que le peintre et commissaire d’exposition Olivier Masmonteil choisit pour nommer ce projet insufflé par la Galerie Sabine Bayasli. L’idée est ici de réunir un important nombre d’œuvres provocantes et incorrectes, pour réaliser un boudoir où l’intime dialogue avec l’interdit.

Pas moins d’une cinquantaine d’artistes proposent leur travail à caractère érotique, obscène ou encore blasphématoire. Tout ici est jeu avec la transgression, des toiles, sculptures, en passant par de simples dessins. Notre regard se perd dans des méandres infernaux, et ne sait plus s’il est subjugué, choqué, peut-être pour certains meurtri. L’Enfer revêt en effet une apparence différente pour chacun, les pièces présentées à la Galerie Sabine Bayasli peuvent donc apparaître parfois sous une réelle douceur esthétique.

 

©Frédéric Léglise, Belle endormie, huile sur toile, 55 x 46 cm, 2021

 

En découvrant ses nombreuses composantes, on se rend compte que l’exposition L’Enfer provoque immédiatement une réaction. Et ce n’est pas seulement la nature de cette réaction qui est interrogée, mais bien l’existence même de celle-ci. Car la question de la censure dans l’art est malheureusement toujours d’actualité. On voit bien que le projet de la Galerie Sabine Bayasli ose particulièrement en dévoilant des pièces très crues, graphiques, et au caractère blasphématoire explicite. Il s’agit ici de voir l’art comme un défi logique à la morale.

 

©Laurence Bonnel, Inri, résine laquée et bois, 27 cm environ, édition de 4 exemplaires plus 2 ea tirage exposé réalisé en 2021 – Photo Thierry Malty

 

Les nombreux artistes ont été invité à proposer une œuvre issue de leur plus secrète intimité, ou alors contraire aux bonnes mœurs. Les représentations érotiques et pornographiques sont majoritaires, la sexualité demeurant toujours un grand tabou au sein de notre société. L’origine du monde de Gustave Courbet reste par exemple un formidable coup de pied dans la fourmilière de la pudeur, de la bienséance, et de la censure. Katia Bourdarel réalise d’ailleurs sa version du célèbre tableau, une version plus réaliste proche de la photographie ; la nudité n’en est que plus frontale encore. L’artiste Thierry Carrier poursuit avec talent et audace la même démarche de représentation graphique.

 

©Thierry Carrier, Sans titre (série l_enfer 2), huile sur toile, 33X41 cm, 2021

 

L’exposition L’Enfer tente de déconstruire avec véhémence, bienséance et censure selon une quelconque morale, laissant libre court aux expérimentations artistiques les plus transgressives soient-elles. On s’interroge alors, est-ce que des œuvres aussi provocantes ne servent-elles pas le paysage culturel tout entier ?

 

Visuel principal : ©Thierry Carrier, Sans titre, huile sur toile, 30X40 cm, 2021

 

Galerie Sabine Bayasli