La trame de l’existence au Musée Bourdelle

Depuis le 20 novembre, et ce encore pour quelques mois jusqu’au 12 avril 2026, le musée Bourdelle consacre une exposition à l’artiste multidisciplinaire Magdalena Abakanowicz (1930-2017). La trame de l’existence représente une occasion rare en France de voir les sculptures et textiles monumentaux de cette créatrice de renommée internationale. Sa riche production la place parmi les plus grands sculpteurs du XXe siècle.

///Melian Pussey

L’œuvre de Magdalena Abakanowicz est marquée par la succession d’épreuves qu’elle a traversé au cours de sa vie. Ses travaux, en effet, sont fréquemment investis d’une dimension politique, renvoyant à ses expériences personnelles qui l’ont profondément affectée et traumatisée, notamment la guerre. La trame de l’existence correspond à l’exposition française la plus aboutie sur l’artiste. Ses vocations sont multiples, mais on peut retenir celle d’introduire des réalisations ayant bénéficié d’une visibilité moindre en France et la volonté de retracer la trajectoire de l’une des figures majeures de la scène artistique du XXe siècle.

Grâce au soutien d’établissements tels que la fondation Marta Magdalena Abakanowicz et l’institut polonais, le musée Bourdelle propose un parcours chrono-thématique en six sections afin de mettre en avant les grands temps et sujets principaux de sa carrière. Le corpus est composé de soixante-dix ensembles avec trente-trois installations sculptées, dix créations textiles et plusieurs dessins et photographies.

La salle de démarrage de l’exposition, espace introductif, réunit des travaux de ses débuts en tapisserie et autres projets, tout en offrant des repères biographiques. La première section est consacrée à ses Abakans, sculptures monumentales aux formes évocatrices de cocons et d’organes. Les parties suivantes rendent compte des nombreux autres modes d’expressions de Magdalena Abakanowicz. Les sections deux et cinq renvoient au tournant figuratif qui s’opère chez la sculptrice dans les années 1970, grâce au rassemblement de plusieurs groupes de de ses figures humaines et animales en toile de jute.

Les séries de ce genre incluent l’ensemble Dos (1976-1980), Figures dansantes (2001) Mutants (1992-1994) et Foule (1995-1997). Son intérêt pour les structures organiques de type embryonnaire font l’objet de la troisième partie autour de sa série Embryologie (1978-1980). Ceux-ci dialoguent avec l’accrochage de sa production graphique peuplée de corps entre abstraction et figuration, ainsi que de gros plans sur des insectes. L’exposition se clôt sur une section consacrée aux œuvres de 1987-1995 Jeux de guerre, où l’artiste met le bois et l’acier à l’honneur.

La Trame de l’existence fait ressortir l’intérêt de l’artiste pour la vie et la nature, celui-ci se matérialisant par la fréquence des formes organiques dans son travail. En s’affranchissant des codes classiques de la tapisserie, Magdalena Abakanowicz a montré les possibilités de création d’espaces immersifs avec le médium. Ses sculptures et installations questionnent la condition humaine et entre en résonance avec de nombreuses problématiques contemporaines.

 

 

Légende de l’image mise en avant : Magdalena Abakanowicz, Abakan rouge, 1969, sisal, Tate, Don anonyme, 2009. Photo : © Magdalena Abakanowicz