Le Musée d’Art moderne de Troyes fait peau neuve 

Le Musée d’Art moderne de Troyes fait peau neuve 

Fermé depuis 2018, le Musée d’Art moderne de Troyes, installé dans l’ancien palais épiscopal, aujourd’hui classé monument historique, a rouvert ses portes. Nous l’avons visité. Retour en images.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          /// Nora Djabbari 
 
 

Un chantier de grande ampleur

 

Il faisait beau, ce jour où nous avons découvert le nouveau visage du Musée d’Art moderne de Troyes, niché au cœur du centre historique de la ville. Le soleil et le beau monde s’étaient donné rendez-vous pour faire honneur à ses belles façades et à ses charmantes charpentes d’époque, et surtout, à sa vaste collection s’étendant sur plusieurs siècles. Il faut dire que le bâtiment avait déjà subi moults précédentes rénovations, notamment en 2011 et en 2018. De grands axes de chantier qui avaient réorganisé le Musée. 2024 signe la fin d’une longue attente. Parmi les actions phares réalisées, la réorganisation du jardin, l’agrandissement des surfaces du musée ainsi que la création de nouveaux espaces comme un cabinet d’art graphique et un étage tout pimpant dédié aux expositions temporaires. Désormais, le Musée est également accessible aux personnes à mobilité réduite.

 

Découvrir la sensibilité de deux collectionneurs aguerris

 

Ma simple ambition, c’est que le visiteur comprenne bien qu’une collection se fait avec le cœur” disait Pierre Lévy, le collectionneur à l’origine du Musée. Avec sa femme, Denise Lévy, ils constituèrent ensemble une collection s’étendant sur près d’un quart de siècle. Bien entourés, inspirants et inspirés, le couple s’ouvre à milles et une inspirations, rassemble un catalogue de peintures, sculptures, verreries… Ces longues années les mènent à sympathiser avec de nombreux artistes comme André Derain ou Joseph Csaky. Le Musée possède aujourd’hui des œuvres appartenant au réalisme, à l’impressionnisme, au fauvisme mais aussi aux courants divers de la modernité. Leur collection offre aussi une place aux arts extra-occidentaux.

 

 

 

Ce qui transparaît dans l’œuvre de leur vie est une grande indépendance d’esprit. Ils s’intéressent à des artistes encore peu connus, vont à contre-courant de l’abstraction alors en vogue, achètent des pièces d’artistes qui gagneront ensuite une renommée mondiale. C’est le cas d’Ousmane Sow, dont le Musée possède une sculpture. La figuration de l’humain, dans toutes ses facettes, est le fil rouge de l’ensemble que Pierre et Denise Lévy ont élaboré avec intuition.

 



Un parcours chronologique

 

Après un étage enjambé, nous voilà plongés au cœur de la vie quotidienne ouvrière et paysanne du XIXème siècle, âge d’or de l’industrialisation. Les toiles lumineuses et lyriques de Courbet côtoient celles de Degas et de Millet. Ce sont ensuite quelques maîtres impressionnistes et pointillistes comme Seurat qui rythment notre parcours. C’est ici que transparaît toute la sensibilité de Pierre Lévy, héritier d’un grand empire industriel.

 



Nous avançons. La colorimétrie des salles s’accorde discrètement à celles des tableaux, les éclairages du Musée se diffusent de façon fluide dans l’espace surmonté par les charpentes. La visite est intimiste. Le rapport aux toiles, immersif, et les cartels minimalistes. Frappés par une magnifique toile d’André Derain de facture très libre, nos yeux se gorgent de couleurs.

 

 

La salle suivante dévoile une série de peintures cubistes qui décomposent la réalité dans une veine figurative. Pierre Lévy n’était pas friand des productions cubiques frôlant l’abstraction, mais a réuni un ensemble important d’œuvres du cubisme dit synthétique. Le couple apporte dans sa sélection une mise en perspective personnelle et originale de ce mouvement, offrant une place à des pièces moins connues.

 

 

Nous descendons d’un étage et sommes accueillis par les œuvres de Maurice Marinot, troyen proche des Lévy et considéré comme le plus important verrier du XXème siècle. Ses flacons et ses vases aux tons acides, aux couleurs pures utilisant du verre bullé ou craquelé sont de toute beauté et captent la lumière réfractée. Son travail est mis en valeur au Musée avec plus de 149 verreries, 46 toiles et 1000 dessins. Le premier étage est également occupé par les expressionnistes, dont Soutine et Rouault.

Notre visite s’achève avec une incursion chez les derniers figuratifs et la Seconde École de Paris ainsi qu’avec une balade dans le nouveau jardin, envisagé comme un lieu de vie et bordé de sculptures contemporaines. Le parcours du Musée distille autant de classiques que d’œuvres susceptibles de susciter la découverte. On anticipe pour lui des jours prolifiques.

 

 

 
 

Musée d’Art Moderne de Troyes

73XJ+WH Troyes