L’épopée d’une artiste militante dans le Paris avant-gardiste : Nadia Khodossievitch-Léger

L’épopée d’une artiste militante dans le Paris avant-gardiste : Nadia Khodossievitch-Léger

Il ne reste plus qu’un mois pour découvrir la rétrospective de Nadia Léger (1904-1982) au musée Maillol. L’exposition explore les divers aspects d’une oeuvre marquée par un engagement communiste sans faille, au sein de l’intelligentsia parisienne.

 

 

/// Emma Boutier

 

 

En 1952, Nadia Khodossievitch devient Nadia Léger. Son union avec celui qui lui enseignait la peinture à l’Académie Moderne contribua autant à enrichir son oeuvre qu’à la faire tomber dans l’oubli. Tapie dans l’ombre du « géant » dont elle édifia la postérité, Nadia Léger retrouve la lumière au musée Maillol.

L’exposition est introduite par un ensemble de tableaux qui dessine un portrait chinois de l’artiste. Mêlant abstraction et figuration, ces peintures d’hommes et femmes admirés tracent une voie intéressante pour appréhender sa personnalité. La présence de grands noms du Communisme — Karl Marx, Maurice Thorez, Lénine et Staline — acte l’imbrication constante de l’art et du politique dans l’oeuvre de Nadia Léger.

 

 

Vue de l’exposition « Nadia Léger. Une femme d’avant-garde ». © Anthony Dehez.

 

 

L’Atelier Fernard Léger : un écosystème stimulant

Arrivée à Paris en 1925 aux côtés de son premier époux, le peintre polonais Stanislas Grabowski, Nadia Khodossievitch s’intègre très rapidement aux cercles avant-gardistes de Montparnasse. Elle y fréquente les têtes d’affiche de l’art moderne : Picasso, Braque et, surtout, Fernand Léger, avec qui elle entame une liaison trois ans plus tard.

Rapidement, elle impose sa vision dans l’Atelier de Fernand Léger où circulent, à l’envi, des tendances diamétralement opposées. Les toiles abstraites de Nicolas de Staël ou d’Hans Hartung tranchent vivement avec le Nouveau Réalisme qu’élabore ensemble le futur couple Léger.

 

L’art au service des idées

Affiliée au Parti Communiste Français depuis 1932, elle devient agent de liaison pour les FTP-MOI sous le nom de Georgette Paineau durant l’Occupation. À ce moment, sa peinture acquiert une intensité émotionnelle inédite, imprégnée d’une sorte de militantisme intime. Dans son autoportrait, la ténacité se mêle à l’inquiétude face à l’omniprésence du danger, que l’on devine dans cette forme abstraite enveloppante.

 

 

Nadia Léger, Autoportrait, Le serment d’une résistante, 1941. Photo IMAV éditions © Sabam

 

 

Fait du même bois que le Réalisme Socialiste en URSS, le Nouveau Réalisme français s’inscrit dans les objectifs culturels définis par le PCF. Soucieuse de produire un art social qui puisse relayer les idéaux de son parti, Nadia Léger participe à la définition de ce courant figuratif, en créant des compositions lisibles qui mettent en scène des travailleurs et travailleuses, parangons des valeurs communistes.

 

 

Nadia Léger, Les Mineurs, 1950-1953. Photo IMAV éditions © Sabam

 

Le retour à l’abstraction

La guerre des étoiles des années 1960 provoque un tournant inattendu dans l’oeuvre de Nadia Léger. Émerveillée par le succès de la mission Vostok, elle ressuscite le langage suprématiste de Malevitch, qu’elle estime capable d’exprimer ce nouveau sentiment de l’univers.

 

 

Nadia Léger, Naissance du mouvement, Envol 1. 1922-1968. Photo IMAV éditions © Sabam

 

Le parcours rend lisible l’évolution d’une oeuvre ponctuée par d’incessantes variations qui en font toute la richesse. Marquée par l’exil, le combat et la passion, l’histoire de Nadia Léger était définitivement à redécouvrir.

 

Musée Maillol

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