Marion Robert, peintre de la couleur intense

/// Nora Djabbari

Les bouquets parfumés de Marion Robert célèbrent la floraison du printemps qui arrive en embaumant l’air d’émotions. Entre couleurs foisonnantes et silhouettes dansantes, l’artiste badine avec l’abstraction, s’énerve et s’apaise, produit des mouvements affirmés qui forment des images spontanées. Marion Robert semble avoir soif de produire des formes et de les recomposer à sa guise, par un travail intuitif. Elle fait déborder du cadre ses camaïeux de couleurs froides intenses. Avec un langage pictural propre, elle revisite la scène de genre et la nature morte pour nous offrir des paradis cachés où le bonheur se montre plutôt qu’il se dit. Aucune clé n’est donnée pour appréhender clairement l’univers qui se déploie sous nos yeux. Marion Robert laisse place au mystère. Comme dans un rêve, on devine confusément l’allure d’un pétale pas encore flétri, les pas saccadés d’un loup bleu, le souffle sucré d’une vapeur de jasmin, et plus encore peut-être.

Toujours dans une veine lyrique et expressionniste, les compositions de Marion Robert de ce solo show s’inscrivent cette fois-ci un peu plus dans l’abstraction, sans toutefois baisser en qualité d’harmonie. C’est sans doute son passage en École des Arts décoratifs qui favorisa son sens aigu de la composition. À Strasbourg, l’artiste étudie le design d’espace et exerce quelque temps le métier de paysagiste freelance tout en peignant par passion. De chaque composition, l’on sent une volonté globale qui guide l’ensemble, un affranchissement permis par une mise à distance de la figuration. Marion Robert veut avant tout évoquer des idées fortes, dompter l’immobilité de la toile pour nous offrir des moments d’extase et par-dessus tout, de belle et grande liberté.