Marius Dansou, Roberto Diago & Didier Viodé, Paris-Cotonou-Paris VII

Marius Dansou, Roberto Diago & Didier Viodé, Paris-Cotonou-Paris VII
Du 5 au 30 octobre, la galerie Vallois présente l’œuvre de Marius Dansou, Roberto Diago et Didier Viodé à l’occasion du septième volet de l’exposition Paris-Cotonou-Paris, visant à faire rayonner l’art contemporain béninois. 
Une année sous le signe du Bénin, tel est le thème de la programmation 2017 de la galerie Vallois, qui met ainsi à l’honneur la richesse et la pluridisciplinarité des artistes de ce pays. L’occasion, aussi, de porter un regard neuf sur un panorama artistique africain en pleine émulation, et pourtant encore méconnu. Cette septième étape – au 35 rue de Seine – est en fait un dialogue entre deux artistes béninois, Marius Dansou et Didier Viodé, et un artiste cubain, Roberto Diago.
 
 Le premier nous fait découvrir ses sculptures, inspirées des coiffes traditionnelles africaines. Puisant dans les travaux du grand photographe nigérian J. D. ‘Okhai Ojeikere – chantre des coiffures africaines – et dans des archives plus personnelles – des photos de sa mère –, Marius Damsou parle de ces cheveux si riches de significations. Entres ses mains, le métal raconte une histoire : celle d’un continent et de ses codes, mais aussi et simplement, celle de la coiffure et de ses modes d’expression. « Toute cette liberté de jouer avec ses cheveux, je la mets dans mes sculptures », confie l’artiste. 
 
Dans un tout autre registre, Didier Viodé nous confronte à la violence du quotidien, celle qui nous entoure de manière plus ou moins visible. Il peint, filme, dessine, photographie : les débats entourant l’immigration, les émeutes qui ont secouées la Côte d’Ivoire – son pays de naissance –, la place de l’Homme noir dans la société américaine ou européenne sont autant de sujets qui nourrissent son art. Tirant son inspiration des médias, de la rue, des rapports Nord/Sud et de la société dans son ensemble, Didier Vodié se revendique « citoyen universel », soucieux de parler du monde et ses dysfonctionnements, sans jamais pour autant abandonner l’espoir. 
 
 Enfin, le travail de Roberto Diago nous plonge dans l’histoire, passée et présente, de Cuba. Adeptes des matières brutes comme des sujets controversés, l’esclavage est un thème récurrent chez l’artiste. Membre dirigeant du nouveau mouvement culturel afro-cubain, qui promeut le débat sur la persistance du racisme et des discriminations raciales à Cuba, il puise dans ce passé trouble l’inspiration du présent. Roberto Diago peint autant qu’il crée des installations conceptuelles au moyen d’objets récupérés – morceaux de bois, bouteilles en plastique, métal rouillé –, façonnant des oeuvres empreints de son quotidien. Travaillant le texte, l’image, la matière et même le son, l’oeuvre du plasticien est riche à bien des égards.
 
 Ainsi conçu comme un dialogue à trois, ce Paris-Cotonou-Paris VII est tel un pont jeté entre les artistes, leur culture et leur mode d’expression propres. Une vitrine pour l’art béninois, et plus globalement la résonance de l’Afrique dans le monde. 
Vernissage le jeudi 5 octobre.
 Texte : Léa Houtteville
Crédit visuel : Didier Vodié, L’Envol, 2017, encre et acrylique sur papier ©2017 Didier VIODE