Michel Saint Lambert et l’art d’humaniser l’histoire

Sur du carton ou du papier journal, Michel Saint Lambert fait apparaître et réapparaître les formes qui composent son répertoire. Sa palette restreinte articule une dialectique d’opposition entre noir et blanc, réserve et aplat, expression du questionnement identitaire qui traverse son oeuvre.

 

 

 

 

L’artiste utilise ce langage du conflit pour réanimer un passé figé. Sur de vieux journaux, il peint frénétiquement, dans un acte de résistance face à un récit définitif, refusant l’attitude passive du lecteur. En tant qu’objet, le journal cristallise une ambivalence. Par son contenu, il renvoie à l’immédiateté et par sa nature documentaire, il appartient à une mémoire collective. En travaillant ce support, Saint Lambert individualise le récit médiatique.

 

En tant qu’Enfant de la Creuse, il donne à son exploration une dimension introspective. Dans son oeuvre, cette affaire du déplacement d’enfants réunionnais sur le sol métropolitain regagne le sens émotionnel qui tend à s’évanouir dans la littérature objective. La peinture lui permet d’humaniser des moments marquants de l’histoire.

Son langage est à l’opposé de la description journalistique. Il est évocatoire, empreint de subjectivité. C’est un langage du souvenir qui, dans la répétition, acquiert un aspect thérapeutique. Face à l’intellectualisme, Saint Lambert choisit l’émotion, qui affleure dans ses gestes spontanés.

 

 

 

 

Mais la question reste ouverte, le problème irrésolu, comme le montrent les suites de chiffres qu’on retrouve dans plusieurs de ses oeuvres. Ne suivant aucune logique apparente, elles semblent exprimer un état de confusion où se superposent le rationnel et l’absurde.

Faisant alterner cynisme et mélancolie, les oeuvres de Michel Saint Lambert tracent un chemin instable vers la résilience, qui oblige à des détours par le passé afin d’éclairer le temps présent.