Le couple d’artiste Pierre et Gilles vous promet une « Nuit électrique » à la Galerie Templon du 3 septembre au 19 octobre. Depuis plus de quarante ans, les artistes explorent la frontière entre peinture et photographie, créant des portraits singuliers aux accents oniriques. Dans ces tableaux créés au cours de ces deux dernières années, les artistes s’amusent de leur statut d’icônes et dressent une galerie de portraits nocturnes empreint de rêve et d’humour. Le couple réaffirme sa capacité à saisir l’esprit de notre époque, tout en restant des précurseurs sur les questions d’identité sexuelle et marginale.
/// Romane Lamisse
Les deux artistes français mondialement connus, développent depuis 1976 une œuvre à quatre mains entre peinture et photographie. Leurs tableaux mettent en scène leurs proches, anonymes ou célèbres (deux portraits inédits de leurs amies Amanda Lear, en actrice de théâtre de boulevard, et Isabelle Huppert, en majestueuse Mary Stuart, sont présentés), dans des décors sophistiqués et excessifs construits grandeur nature en atelier. Une fois la photographie tirée sur toile, commence un méticuleux travail de peinture. Ces créateurs d’images à la fois flamboyantes et kitchs ont constitué une iconographie singulière explorant la frontière entre l’histoire de l’art et culture populaire.
Dans une esthétique camp parfaitement maîtrisée, cette nouvelle série plonge le spectateur dans des ambiances théâtrales éclairées par des néons évoquant l’artificialité des lieux nocturnes de fête. Ces toiles au fond bleuté et étincelant sont empreintes de nostalgie des artistes pour leur années Palace, boîte de nuit légendaire où Pierre et Gilles ont souvent puisé leur inspiration. Leurs personnages fétiches — marins, anges, voyous ou enfants des rues — évoluent dans ce fond indéfinis, entre clubs, fêtes foraines et cabarets, symboles de plaisirs subversifs et de liberté. Sous les yeux du spectateur se déploie une jeunesse queer, joyeuse, diverse et assumée.
En écho à cette nouvelle génération queer, Pierre et Gilles se mettent en scène à travers deux autoportraits qui révèlent les multiples facettes de leur statut d’artistes et de couple homosexuel. Le premier, marqué par une mélancolie profonde, contraste avec le second, empreint d’autodérision, où le couple se caricature en retraités joyeux, évoluant dans un décor de carte postale désuète et de mauvais goût. En jouant sur l’ambiguïté des registres, Pierre et Gilles ne se contentent pas de représenter les marginalités mais les célèbre tout en les questionnant avec humour. En filigrane, ils esquissent un monde complexe, oscillant entre optimisme et désillusion.
Galerie Templon
- Pays : France