Picasso : entre modernisme et Préhistoire

Picasso : entre modernisme et Préhistoire

Dans le cadre la « Célébration Picasso 1973-2023 », le musée de l’Homme rend hommage à l’artiste espagnol dont l’œuvre a considérablement été marqué par l’ancien Museum d’Histoire Naturelle du Trocadéro. Dans une salle de 240 m², le visiteur a le plaisir de découvrir des objets inédits restés jusqu’alors dans la collection des héritiers de Picasso. Du 8 février au 12 juin 2023, l’exposition Picasso & la Préhistoire invite donc à découvrir comment ces objets historiques se sont retrouvés en sa possession, et comment la Préhistoire l’a influencé. 

/// Lolita Fragneau

 

Si rien n’atteste officiellement que Picasso s’est déplacé sur les sites préhistoriques, il est néanmoins pratiquement certain qu’il avait connaissance des découvertes contemporaines concernant l’art pariétal notamment par le biais de reproductions dans des revues d’art et d’archéologie à l’instar de Cahiers d’art, créée en 1926 par Christian Zervos – critique d’art et ami de Pablo Picasso, dont l’exposition réunit quelques parutions. Dans la salle d’introduction de l’exposition, le visiteur a d’emblée un aperçu du goût de Picasso pour la Préhistoire grâce à la présence de deux moulages contemporains de la Vénus de Lespurgue – découverte en 1922, filant le lien avec l’exposition du Balcon du musée de l’Homme.

Vénus du Gaz. Pablo Picasso, 1945 © RMN _ Grand Palais _ Rachel Prat © Succession Picasso 2022

L’espace « Corps modelés » fait découvrir la reproduction d’une photographie de Brassaï, celle de la « vitrine-musée » abritant les œuvres et objets collectés par Picasso dans un amalgame foisonnant. Une autre partie est consacrée au « Bestiaire et grands décors » préhistoriques qui ont largement inspiré Picasso dans ses compositions, avant de laisser place à l’espace dédié aux « Empreintes et abstractions ». Celui-ci fait résonner empreintes préhistoriques et dessins de l’artiste espagnol, tout en présentant sa célèbre Empreinte (au sucre) de la main de Picasso (1936) sur une plaque de cuivre.

Une autre section est destinée aux « Objets trouvés », et explore les habitudes de collecte de Picasso, avec ses détournements : que ce soit en détournant de simples cailloux en les transformant en tête de mort, ou des galets de plage que l’artiste a soigneusement gravés. Enfin, une cinquième partie consacrée aux « Déesses primitives » confronte un ensemble d’objets de la Préhistoire aux sculptures de Picasso, parmi lesquelles la Vénus du gaz, créée en 1945 à partir d’un brûleur de gazinière dressé à la verticale, telle une « déesse des temps modernes ».

Empreinte (au sucre) de la main de Picasso. Pablo Picasso, 1936. © RMN _ Grand Palais _ Mathieu Rabeau © Succession Picasso 2022

L’exposition marque cette fascination constante des artistes pour des périodes plus anciennes, voire préhistoriques, en se penchant particulièrement sur l’artiste qui impacta le plus le XXe siècle. Comme l’explique Cécile Godefroy, historienne de l’art et commissaire de l’exposition : « Au-delà des échos formels et matériels, figurés et symboliques, l’idée, vertigineuse, de la Préhistoire impose à Picasso la nécessité d’un marquage du temps ». Comment ne pas prendre appui sur les œuvres du passé, puisqu’après tout, « il n’y a pas de réel progrès en art », et que « tout art du passé reste aussi moderne que l’art contemporain ».

Moulage de la Vénus de Lespugue © MNHN – L.Glémarec

Musée de l’Homme

  • Adresse : 17 Place du Trocadéro et du 11 Novembre
  • Code postal : 75116
  • Ville : Paris
  • Pays : France
  • Site Internet : https://www.museedelhomme.fr/