Pierre Ribá pose ses cartons chez Gilles Naudin

Pierre Ribá pose ses cartons chez Gilles Naudin

Jusqu’au 26 décembre, la Galerie GNG accueille les sculptures sur carton de Pierre Ribá dans une exposition personnelle. À la croisée d’inspirations multiples, son travail émane d’une longue période d’apprivoisement du matériau, redécouvert dans chaque oeuvre.

 

/// Emma Boutier

 

« Il y a un lien secret entre la lenteur et la mémoire, entre la vitesse et l’oubli » – Milan Kundera, La lenteur, 1995.

 

Issu d’une famille d’éleveurs ardéchois, Pierre Ribá puise ses formes dans son répertoire de souvenirs d’une enfance passée à flanc de volcan. La lenteur caractérise son processus créatif, ponctué de périodes de carence durant lesquelles la production laisse place à la méditation. Ces temps d’arrêt sont nécessaires pour que puissent affleurer les contours abstraits des paysages de son passé. Après seulement, les images sont mises en forme sous la dictée de sa mémoire.

 

Pierre Ribá, Sphéroïde nocturne. Courtesy Galerie GNG.

 

Ses sculptures tendent vers une inaccessible pureté de la forme. Libérées du superflu, du décoratif, elles ne conservent que l’essentiel. Le résultat : des images intemporelles, qui se font l’écho d’influences variées.

Dans la lignée de sculpteurs contemporains tels que Constantin Brancusi ou Jean Arp, Ribá éprouve une fascination pour la simplification des traits dans l’art cycladique, l’une de ses sources principales. Son oeuvre s’articule dans une dialectique entre tradition et modernisme.

 

Pierre Ribá, Ni d’ici ni d’ailleurs. Courtesy Galerie GNG.

 

 

L’aspect brut et humble de ses productions découle d’un travail méticuleux de la matière, durant lequel Ribá utilise un savoir-faire acquis au cours plusieurs années. L’artisanat est donc au coeur de sa pratique artistique, la découpe et le collage du carton l’obligeant à une certaine maîtrise. Pour quelques oeuvres, l’artiste s’est approprié la technique japonaise de l’origami, qu’il utilise pour détourner son matériau et le sublimer en l’associant à d’élégants pliages, contrastant avec sa dimension triviale. Le carton, matériau pauvre, est élevé au statut d’art. 

 

Pierre Ribá, Origami vagabonde. Courtesy Galerie GNG.

 

Le protocole et la réalisation sont indissociables dans son processus créatif, par lequel la matière devient signifiante : plus qu’un véhicule de transmission de l’idée, la matière la fait naître. Il n’est pas question de choisir le support en fonction de sa capacité à exprimer une idée abstraite préconçue, mais d’en révéler la forme sous-jacente, que seul l’artiste, à force de manipulation, est capable de percevoir.

 

Il y a donc un décalage entre le temps long de la création et l’immédiateté de la réception des oeuvres de Ribá, qui, par leur apparente simplicité et l’universalité de leur propos, s’offrent au spectateur comme une évidence.

 

 

Galerie GNG

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