On ne saurait dire si l’on a sous les yeux des huiles sur toiles ou des sérigraphies, tant la matière picturale semble fluctuer entre la densité veloutée et la précision mécanique. Les couleurs sont éclatantes, les détails d’une précision marquante. On croirait ici voir de l’encre, tandis que là-bas se dessinent des mouvements dignes des concours olympiques.
Ce sont les remarques qui nous viennent pêle-mêle lorsqu’on se plonge dans l’œuvre vivifiante de Reinar Foreman, jeune talent émergent d’origine islandaise qui signe ici son premier solo show en France à la Galerie de Buci. Ses travaux aux relents pop art sont autant inspirés par l’expressionnisme d’un Bacon que par la grandeur néo-classique d’Ingres. Chacun se plaira à distinguer des jeux de références picturaux dans ses toiles. À la manière d’un détective, le visiteur est amené à élucider plutôt qu’à regarder. Reinar Foreman nous intrigue en suggérant plutôt qu’en montrant. Il ne s’embarrasse pas des représentations faciles. Ses personnages ont le goût du mystère, peut-être car ils ne s’inscrivent plus tout à fait dans l’instant sans pour autant appartenir au présent. Son univers se situe dans la frontière, dans l’univers parallèle.
Il y a quelque chose de presque photographique dans ces représentations à vif. L’artiste sait osciller entre obscurité et lumière, se saisit de son support comme un graphiste retoucherait une image numérique. Les contrastes sont saisissants et inattendus. Vert, rose, jaune et marron coexistent dans une explosion à la limite de l’abstraction. Tantôt fluorescentes, tantôt évanescentes, les couleurs s’animent sous nos yeux. L’énergie est palpable, intense.
La Galerie présente dans cette exposition une série de petits formats réalisés en plusieurs temporalités. L’artiste explore l’imitation et la réinterprétation des œuvres antiques en créant d’abord des reproductions fidèles basées sur des références, puis en reproduisant ensuite ses propres imitations. Il se chronomètre entre chaque œuvre, ce qui confère cette esthétique si expressionniste. “Je mets beaucoup l’accent sur le mouvement, mes images sont souvent déstabilisantes et je les travaille rapidement. Je ne dessine pas, je n’utilise pas de projections ou quoi que ce soit de ce genre et, en fait, je suis toujours en train d’expérimenter et de voir ce qui fonctionne. Je peins beaucoup et n’hésite pas à détruire des œuvres ou à les repeindre. Je ne suis pas un dieu, et je fais plein d’essais avant d’arriver à ce que je veux créer”, explique t-il.
Avec la série “Living Gods”, Reinar Foreman atteint l’universalité. Dieu et déesses, deviennent ici les miroirs déformés d’une Humanité soumise à l’éternel tumulte des passions, peu importe l’époque. Ici, le mariage de plusieurs styles picturaux permet un voyage temporel humaniste. Un style unique et percutant qui peut nous faire espérer un avenir prometteur.
Galerie De Buci
- Adresse : 73 rue de Seine
- Code postal : 75006
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 01 88 48 06 18
- Site Internet : http://buci.gallery/