Styliste américain puisant ses inspirations dans les œuvres de Joseph Beuys, dans les soirées underground de Los Angeles, le mysticisme des toiles de Gustave Moreau ou encore dans le cinéma expressionniste de Fritz Lang, Rick Owens est devenu une icône de la mode du XXIe siècle, symbole d’une esthétique punk, étrange, et glamour.
L’exposition à son honneur, Rick Owens, Temple of Love, est à découvrir jusqu’au 4 janvier 2026 au Palais Galliera.
Los Angeles. Ville de contrastes, d’illusions et de fractures. Derrière ses palmiers, ses piscines turquoise et ses célébrités impeccablement mises en scène, s’étend une face plus sombre : celle des raves clandestines, des excès fétichistes et d’une contre-culture électrique. C’est dans ce paysage brut et marginal que Rick Owens, alias Richard Saturnino Owens, puise ses premières inspirations. C’est là que germe une esthétique unique, énigmatique et profondément rebelle.
Né en Californie, Owens façonne dès ses débuts un langage visuel à contre-courant, nourri d’influences intellectuelles, historiques, mystiques et artistiques. À mille lieues des canons hollywoodiens, il explore les marges, les fractures de la beauté et les failles de l’identité. Sa mode conjugue l’austérité biblique à la grâce des silhouettes des années 1930, tout en conservant la rugosité des milieux underground qu’il a fréquentés jeune.
Sa première collection, MONSTERS, présentée en 1998, affirme déjà son rejet d’une esthétique lisse et normée. Il y célèbre la noirceur, la distorsion des corps, les métamorphoses entre genres, entre l’humain et l’animal, voire le divin. Une ode à la monstruosité comme forme de puissance et d’indépendance, loin des figures dociles et standardisées des années 90.
Artiste total, Rick Owens allie dans son travail spiritualité, subversion et rigueur formelle. Ses défilés se rapprochent de performances, ou shows impressionnants et singuliers, tel que le défilé automne-hiver 2021-2022, présenté au bord des eaux vénitiennes. Il admire d’ailleurs – entre autres – Richard Wagner, compositeur portant l’ambition d’une œuvre d’art totale (Gesamtkunstwerk), qui réunirait en harmonie tous les arts dans un même spectacle.
Il revendique l’héritage de Joseph Beuys, “son premier héros”, dont il reprend à la fois la radicalité conceptuelle, l’usage symbolique du feutre – matière organique composée de poils ou de laine – et l’ambition de faire de l’art un vecteur d’émancipation.
L’exposition Rick Owens, Temple of Love, présentée au Palais Galliera jusqu’au 4 janvier 2026, retrace cette trajectoire singulière.
Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris
Adresse : 10 Avenue Pierre 1er de Serbie, Rue de Galliera