Tatiana Wolska, ensorcelante

Le Drawing Lab accueille une exposition de Tatiana Wolska, lauréate 2024 du prix Drawing Now récompensant l’oeuvre dessiné d’un artiste contemporain. Alors que l’édition 2025 de la foire approche, les nominés de cette année seront dévoilés ce samedi 25 janvier, lors du vernissage de « Belladone ».

Résultat d’un travail collaboratif entre la commissaire Marianne Derrien et Tatiana Wolska, l’exposition se veut une immersion dans l’oeuvre complet de l’artiste polonaise. Pensé comme la projection de son univers, l’espace a été envahi de morceaux de papiers déchirés et agrafés aux murs et au sol, afin que les spectateurs puissent l’investir et le transformer.

La présence de l’artiste est rendue ostensible à travers la mise en évidence des matériaux. Mais cette artificialité semble paradoxalement mise au service d’un rendu organique. On ne peut ignorer les centaines d’agrafes qui maintiennent les chutes de papiers peintes irrégulièrement. Pourtant, l’ensemble s’apparente à une substance métamorphe, traversée par un mouvement libre et aléatoire.

L’espace investi se fait l’écho des dessins et sculptures exposés, dans lesquels on retrouve ce dynamisme. Chaque oeuvre semble habitée par des forces contraires, où fleurissent des formes organiques, points de repère dans l’abstraction.

Et c’est là que tout prend sens. Sans prévenir, l’artiste nous a soumis aux effets de la belladone, qui donne son titre à l’exposition. Les œuvres imitent les propriétés hallucinogènes de cette « plante sorcière », jouant avec nos perceptions.

La scénographie révèle le lien qui unit le dessin et la sculpture chez Wolska. Dans un échange réciproque, les deux médiums se complètent, comme si les formes — autonomes — cheminaient librement d’un support à un autre. La matière est ainsi désignée comme le moyen d’actualiser une idée intangible, qu’elle rend accessible.