Tendre et effroyable portrait de la condition humaine

Du 18 septembre au 30 octobre 2021, la Maison Galerie Laurence Pustetto présente une exposition collective intitulée « Comédies Humaines », non sans rappeler le titre de l’Œuvre de Lucien de Samosate qui dépeint le portrait d’une société d’Hommes troublées et désabusées. Comme un miroir dans lequel la société se contemple, les 5 artistes évoquent les mœurs, angoisses et ressenties des êtres-humains. C’est un regard sur le monde singulier qu’il est proposé de découvrir. 

 

/// Eléonore Blanc

 

À travers l’art de ces 5 artistes, nous découvrons la dramaturgie de nos vies, celle qui rythme souvent nos quotidiens. Marquées par le fantasme, l’extrapolation, l’exacerbation des sentiments, nos vies résonnent dans cette exposition. C’est une sorte de pièce de théâtre que les artistes organisent avec la danse macabre de Marc Petit, les espaces d’habitation étranges de Guillaume Couffignal, les figures masquées de Lucie Geffré, les fantasmagories de Véronique Pastor et les radeaux animés de Jérôme Gelés.

 

Pourtant éminemment troublantes, les œuvres présentées sont profondément poétiques. Quelque chose s’en dégage qui secoue et émeut. Les personnages de Marc Petit semblent délaissés. Ils font échos aux personnages de Lucie Geffré qui dérangent. C’est la maîtrise parfaite des vides et des pleins qui accentuent cet effet comme nous pouvons l’observer dans Aurore rouge et verte (ci-dessus, page d’acceuil). Cette femme nous interpelle d’un regard habité. Esthétiquement, certains endroits de la toile possèdent une densité picturale forte lorsqu’à côté, la peinture semble se délaver.

 

Marc Petit sculpte comme il ressent. Ses créations sont en mouvement, les membres élancés, à mi-chemin entre la vie et la mort. Ces sculptures de bronze investissent l’espace d’exposition avec un sentiment inquiétant. C’est peut-être leur aspect rugueux qui renvoie inévitablement à nos propres aspérités psychologiques. Ce sont les fondements de la vie humaine qui sont étudiés, travaillés et représentés par ces artistes.

 

Véronique Pastor semble dessiner avec l’aide du vent.  Ses traits se détachent dans le ciel, ils semblent en lévitation. Dépouillés, les dessins de Véronique Pastor enchantent. L’apparente construction du dessin laisse place aux doutes. On y observe des Hommes qui se transforment en animaux, ou l’inverse, nous ne savons pas exactement. Les formes sont libérées dans une multitude d’éléments. On observe des récifs et rochers, des corps fragiles, la tension des noirs et des blancs, et parfois survient ce bleu évocateur des rêves. On pense aux châteaux fantastiques de Victor Hugo, mais surtout aux poèmes de Baudelaire, et à ce « ciel bas et lourd (qui) pèse comme un couvercle, Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis… ».  

 

Jérôme Gelés développe un langage artistique à travers des sculptures volantes. Comme un inventeur de la Renaissance, l’artiste s’attache à l’ingénierie de ces créations et à leurs esthétiques. Elles révèlent des souvenirs d’enfance, interrogent notre passé mais soulèvent également des questionnements sur notre société de consommation. Cette inscription dans une critique sociétale s’observe par son utilisation d’objets de récupération.

 

Guillaume Couffignal, fondeur d’art, réalise des sculptures de bronze représentant des architectures fascinantes. Renversées, escaliers sans fin, châteaux vertigineux…Ces sculptures invitent au voyage au cœur de ses propres rêves.

 

 

C’est la condition humaine telle qu’elle l’est qui est représentée à la Maison Galerie Laurence Pustetto. Il y a à la fois les angoisses de notre condition humaine et une infinie tendresse intimement liée à ces personnages qui nous ressemblent.