The Morning After : Douglas Gordon à la Fondation Giacometti

The Morning After :  Douglas Gordon à la Fondation Giacometti

Du 20 avril au 12 juin, la Fondation Giacometti présente un magnifique dialogue entre le travail d’Alberto Giacometti et son interprétation par Douglas Gordon. A cette occasion, Douglas Gordon revisite les oeuvres de Giacometti et nous permet de réactualiser notre regard sur ce travail mythique.

 

/// Stéphane Gautier

 

Du tattoo à la vidéo, de la carte postale à l’installation in situ, l’art de Douglas Gordon – artiste écossais né en 1966 (année de la mort d’Alberto Giacometti), vivant et travaillant à Berlin – est essentiellement polymorphe. Être invité en résidence par l’Institut Giacometti à interagir avec les œuvres de la collection de la Fondation Giacometti c’est, comme le dit si justement Christian Andelette, commissaire de l’exposition et directeur artistique de la Fondation Giacometti : « c’est accepter un regard de biais, une confrontation dans laquelle se jouent en permanence des sentiments contradictoires, rendre hommage sans tomber dans l’apologie, et confronter son propre travail en cours avec des œuvres qui sont désormais entrées dans l’histoire de l’art ».

 

Ainsi, « Le Matin d’Après » – The Morning After (titre de l’exposition) est peut-être pour Douglas Gordon le matin d’un point de contact matériel avec la sculpture de Giacometti, un point de contact au sens propre comme au sens figuré car le travail de Douglas Gordon a toujours eut trait avec la sculpture. Une sculpture immatérielle certes, une sculpture du son et de l’image, le « cut » de l’audiovisuel pouvant être rapprocher du « couper » dans la masse. Dans ses installations, Douglas Gordon sculpte l’environnement, plaçant le spectateur entre deux écrans, deux enceintes, faisant de ce dernier un élément constitutif d’un dispositif ayant des analogies avec la sculpture.

 

Alberto Giacometti fumant à la Galerie Kornfeld, Berne, 1959, photographie de Reto Bernhardt, Archives Fondation Giacometti

 

A l’Institut Giacometti, dans un geste doublement transgressif de préhension (il est interdit de toucher dans les musées) et de désacralisation de l’œuvre d’art – « Quand les hommes sont morts, ils entrent dans l’histoire. Quand les statues sont mortes, elles entrent dans l’art. » – Douglas Gordon s’approprie véritablement l’œuvre de Giacometti. Cette appropriation passe par le moulage en plâtre de sa propre main (la main comme vecteur de la création) dans un geste oscillant entre protection et menace, tenant en son creux les plus petites sculptures d’Alberto Giacometti (entre 3 et 5 centimètres) créées par l’artiste à la veille de la seconde guerre dans une période de crise artistique (Douglas Gordon/Alberto Giacometti, Main portant figurine, 2022, plâtre et bronze, 21x8x14 cm), ou accrochant La Jambe (1958) d’Alberto Giacometti.

 

Douglas Gordon, en établissant un point de contact entre sa main moulée en plâtre ou en résine, tenant en son creux les sculptures miniatures d’Alberto Giacometti comme voulant les remodeler, les écraser ou les protéger, renoue avec le geste du sculpteur en se saisissant de ses œuvres et les érige en monuments. Dans « The Morning After », Douglas Gordon devient un sculpteur de la matérialité.

 

Douglas Gordon / Alberto Giacometti, Main portant Figurine, 2022, Plâtre et bronze, 21x8x14 cm, © Succession Alberto Giacometti / ADAGP, Paris 2022, © Studio lost but found / VG Bild-Kunst, Bonn 2022, Courtesy Studio lost but found, Berlin and Kamel Mennour, Paris
 

Visuel de couverture : Douglas Gordon / Alberto Giacometti, Main portant Toute petite Figurine, 2022, Cire et plâtre, 13x18x12 cm, © Succession Alberto Giacometti / ADAGP, Paris 2022, © Studio lost but found / VG Bild-Kunst, Bonn 2022, Courtesy Studio lost but found, Berlin and Kamel Mennour, Paris

 

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