Le corps, cet étrange objet de fascination. Comment le représenter ? Que révèle-t-il du regard de l’artiste ? Comment l’animer, lui donner souffle et mouvement ? À la Bourse de Commerce – Fondation Pinault, l’exposition “Corps et âmes”, présentée jusqu’au 25 août 2025, explore les multiples manières dont le corps habite l’art contemporain.
Parmi les formes de présence les plus vibrantes, la danse occupe une place centrale. Traversée par la musique, qui agit comme outil de mise en mouvement, elle devient un langage sensoriel et expressif.
///Astrid Vialaron
Le corps, vecteur de messages : est-il traversé par l’âme dans l’espoir de transmettre au monde ce qui l’anime ? À travers l’exposition, la danse émerge comme une réponse sensible à cette énigme. Elle s’infiltre dans les oeuvres de manière singulière, propre à chaque artiste, comme un langage instinctif, vital, animé de l’intérieur. Étroitement liée à la musique, qui joue ici un rôle fondamental, la danse devient geste, rythme, vibration. La musique ne se contente pas d’accompagner : elle structure, impulse, libère. Ensemble, corps et son s’enlacent pour faire surgir une présence vive, celle de corps qui dansent, qui vivent, qui s’expriment.

Dans Love is the Message, the Message is Death, présentée pour la première fois à Paris, Arthur Jafa déploie une oeuvre puissante, tissée des couches multiples de la culture afro-américaine. Mêlant Miles Davis, images d’archives et extraits médiatiques, il compose un langage visuel fragmenté, fondé sur le montage. Chez lui, le corps en mouvement est un cri, une mémoire incarnée. La danse, qu’elle soit codifiée ou spontanée, exprime la joie, la douleur, la résistance, elle révèle ce que les mots ne disent pas
On retrouve aussi les images des chorégraphies d’Anna Halprin, figure pionnière de la post-modern dance. Nourrie par l’esprit du Bauhaus et les expérimentations de John Cage et Merce Cunningham, elle conçoit dès les années 1950 la danse comme un acte de libération. En 1969, en pleine Amérique ségrégationniste, elle imagine Ceremony of Us, un rituel chorégraphique où corps noirs et blancs se rencontrent, se touchent, s’entremêlent – une oeuvre de réconciliation, profondément politique.

L’exposition s’achève sur une valse inversée avec Avignon (2014), oeuvre monumentale de Georg Baselitz. Huit grands tableaux suspendus dans un espace sombre semblent exécuter, à l’envers, une danse rituelle silencieuse, comme figée dans le temps – ultime variation sur le corps en mouvement.
Image mise en avant : Deana Lawson, Bendy, 2019

Bourse de Commerce de Paris
- Adresse : 2 rue de Viarmes
- Code postal : 75001
- Ville : Paris
- Pays : France
- Site Internet : www.cutlog.org