Du 6 décembre au 10 mars 2018, la galerie 1831 présente l’exposition Variations, Histoires d’artistes, une déambulation poétique dans sept univers multiculturels qui débrident l’imagination du spectateur.
Des histoires rêvées et vécues. Des histoires entendues, de Kinshasa à Bruxelles, répétées, revisitées. Des histoires passées d’une oreille à l’autre, d’un regard à l’autre, venues se condenser dans une oeuvre particulière, pour être transmise au spectateur. Ce sont ces multitudes de fils narratifs d’histoires personnelles ou collectives que réunit cet hiver la galerie 1831, en présentant les travaux de sept artistes issus de différents horizons culturels. Par la sculpture, la céramique, la peinture, la photographie ou l’illustration, chacun nous raconte une partie de soi et nous offre un regard singulier sur ce qu’il a pu observer du monde. Sans jamais occulter une histoire essentielle à l’apparition de l’oeuvre : celle que se raconte le spectateur.
Toute oeuvre a une histoire à raconter, pourrait-on penser. Celles présentées à l’exposition Variations, Histoires d’artistes jouent de cette idée bien répandue et la dépassent d’un même coup : ici, le récit trouve des voix multiples, pour se déplier sans cesse là où l’on ne l’attend pas. Récit d’un soi construit par strates, à l’identité imbriquée, polymorphe ; récit surtout d’une appréhension intime de la matière, d’une impression de soi dans un motif, dans une aspérité de la toile, dans un élan de la sculpture. Il n’est pas pour autant question de créations proprement autobiographiques : l’histoire se raconte de manière plus ou moins différée, à travers une forme abstraite ou par la peinture d’autrui. Ainsi, chez l’illustratrice Amel Bashier, née en 1981 à Port-Soudan d’un père originaire de Dongola et d’une mère soudano-indienne, les visages-masques regorgent de motifs inspirés d’une Antiquité métissée et rêvée, mêlant fines arabesques et poses hiératiques et stylisées qui suggèrent les rituels des femmes de la tribu Nuba, dans le nord du Soudan. Chez Harald Fernagu, né en 1970 à Cherbourg, il faut laisser le regard s’engouffrer dans la densité physique et émotionnelle de ses sculptures polymatérielles, nourries par les nombreuses rencontres qu’il a faites tout au long de sa vie, notamment durant les dix-sept années qu’il a passées dans la communauté Emmaüs de Dijon. Pour les sept artistes, l’oeuvre est donc l’occasion d’une immersion dans l’épaisseur psychologique et artistique de leurs univers, une invitation à laisser son imagination suivre toutes les pistes qu’elle laisse ouverte pour toujours laisser le récit essaimer et se perpétuer à l’infini.
Vernissage le mercredi 6 décembre à partir de 18h
Texte : Alix Ricau
Crédit Visuel : Nada, Amel Bashier, encre noire sur papier, 60 x 90 cm, 2015 ©Galerie 1831