« Je suis le rêve. Je suis l’inspiration »

« Je suis le rêve. Je suis l’inspiration »

Le Musée d’Art Moderne de Paris consacre à Victor Brauner (1903-1966), figure singulière du Surréalisme, une importante exposition monographique regroupant plus d’une centaine d’œuvres, peintures et dessins, dont certaines montrées en France depuis la première fois depuis la dernière rétrospective à Paris au Musée National d’Art Moderne en 1972. 

/// Stéphane Gautier

 

Le parcours chronologique de l’exposition permet de redécouvrir l’univers braunerien, complexe de par la richesse de ses sources et de l’intrication constante de sa biographie avec ses œuvres. Il se décompose ainsi :

Une jeunesse roumaine  (1920-1925) ; Paris, la rencontre avec l’univers surréaliste (1925-1932) ; L’aventure surréaliste (1933-1939) ; « Les frontières noires » de la guerre (1939-1945) ; Autour du Conglomeros (1941-1945) ; Après la guerre (1946-1948) ; Au delà du surréalisme (1949-1966).

Né en Roumanie, Victor Brauner participe à l’effervescence artistique de Bucarest dans les années 1920, avant d’intégrer le mouvement surréaliste à Paris en 1933 et jusqu’en 1948, date de son exclusion du groupe. Il est un familier des avants-gardes  (expressionnisme, constructivisme, et dada), dont la radicalité correspond à son caractère indépendant, jusqu’au glissement progressif vers une peinture surréaliste lors de ses séjours à Paris entre 1925 et 1938, date de son installation définitive. Dès son adhésion au surréalisme en 1933, il, participe alors aux manifestations du groupe  autour d’André Breton.

La perte de son œil en 1938 fait de son Autoportrait, peint sept ans auparavant, une œuvre prémonitoire : illustration des théories surréalistes, sa peinture revêt alors un caractère magique. La guerre va le contraindre, de par son statut de juif, sa situation irrégulière et son oppositionh à toute forme d’oppression fascistes et totalitaire, à entrer dans la clandestinité dans le sud de la France, ne pouvant émigrer aux Etats-Unis. Brauner invoque alors les doctrines les plus secrètes (tarot, alchimie, spiritisme, kabbale) pour se protéger de la France occupée en se réfugiant dans ce monde de rêve où la réalité n’a pas cours donnant à ses œuvres une dimension mystérieuse.

Paradoxalement, cette période de frayeur et de dénuement matériel est d’une grande richesse d’inventions techniques (l’usage de la cire et de matériaux de récupération) et de formes.

L’après-guerre est marqué par une traversée de styles dues à sa liberté recouvrée, sans atténuer les angoisses et les tourments des événements qui l’entourent. D’autres influences se font sentir de la psychanalyse à la pensée sauvage à travers des cycles, comme les Victor de la série Onomatomanie, les Rétractés,puis Mythologie et Fêtes des mères. Il crée un langage nouveau pour donner à voir non pas le réel mais les ressorts invisibles du monde.

Le catalogue présente de nouvelles analyses sur l’artiste avec des contributions d’écrivains et historiens tels Georges Sebbag, Fabrice Flahutez, Radu Stern, Sophie Krebs, Camille Morando, et Jeanne Brun.

Conçue par le Musée d’Art moderne, cette exposition sera ensuite présentée à la Barnes Foundation à Philadelphie d’octobre 2020 à janvier 2021.

Une exposition placée sous le commissariat de Sophie Krebs.


Musée d’Art Moderne de Paris

  • Adresse : 11 avenue du Président Wilson
  • Code postal : 75016
  • Ville : Paris
  • Pays : France
  • Tel : 01 53 67 40 00
  • Site Internet : www.mam.paris.fr