Yvon Taillandier, père de la figuration libre 

Yvon Taillandier, père de la figuration libre 

À la Galerie GNG, Yvon Taillandier avait assisté à son dernier vernissage en 2018. Six ans après sa disparition, Gilles Naudin lui rend un nouvel hommage, avec une exposition personnelle de ses gouaches sur carton.

 

 

/// Emma Boutier

 

 

Première manifestation de la figuration libre, l’oeuvre d’Yvon Taillandier est un univers associant formes et récits, dans lequel fourmillent des personnages fantastiques. Citoyens du Taillandier-land, nation chimérique dirigée par son inventeur, ces créatures et la narration qui les fait vivre cristallisent la conception de l’art d’Yvon Taillandier, formulée en réaction au conceptualisme dominant. Organisé autour de valeurs, croyances et lois définies, le Taillandier-land vaut comme un manifeste de l’inanité du monde, opposant au pessimisme de la dystopie une célébration de la joie émanant de l’illogisme régulateur.

En accord avec l’art brut et le pop art, la figuration libre prend appui sur des formes d’art marginalisées par le crédo intellectualiste. L’influence de la bande dessinée nourrit ainsi les peintures d’Yvon Taillandier, où l’on peut trouver des phylactères qui donnent la parole à ses personnages délirants.

Bien qu’il revendiqua son ancrage dans la culture populaire, Yvon Taillandier était un passionné d’histoire de l’art. Durant quinze ans, il écrit pour la revue Connaissance des arts. Ainsi, fidèle à sa volonté de réhabiliter des formes d’art méprisées par la critique, il plante dans son oeuvre des références à l’art médiéval. L’effet de saturation du support suit le principe d’horror vacui qui caractérise l’art roman. De même, les « Capitipèdes » – dont l’un est visible dans l’oeuvre ci-dessous – ont été inspirés d’une représentation d’un roi sans tronc ni bras, trouvée dans un manuscrit du XIIIe siècle.

 

 

Yvon Taillandier, Deux profils, ca. 1990. Courtesy Galerie GNG.

 

 

L’exposition est focalisée sur le carton, matériau qui revêt une importance particulière chez Taillandier. L’artiste le travaille tel qu’il l’a trouvé, sans découpage préalable. Le support a donc une place centrale, car il contribue à définir l’oeuvre, qui est déterminée par sa forme, sa taille et ses aspérités.

Faisant du crayon-feutre un outil de travail privilégié, Taillandier donne à ses créations une dimension naïve tout à fait assumée. Sa fascination pour les avions et les voitures – les habitants du Taillandier-land se déplacent à bord de l’ « Autotaille » – l’associe à un univers enfantin.

 

 

Yvon Taillandier, Personnages associés, 1974. Courtesy Galerie GNG.

 

L’ensemble de cet oeuvre s’apparente à un roman graphique à la composition anarchique, dans lequel toute une mythologie est déployée. Tant qu’il y aura de spectateurs-lecteurs pour les dessiner, de nouvelles intrigues verront le jour. De la création à la réception, l’oeuvre d’Yvon Taillandier est le reflet d’une valeur qu’il défendait sans relâche : la liberté.

 

 

Yvon Taillandier, Sans titre. Courtesy Galerie GNG.
 

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