Du 18 juillet 2020 au 21 janvier 2021, le Fonds culturel Hélène et Édouard Leclerc à Landernau nous emmène à la découverte du monde effrayant et fascinant d’Enki Bilal, dessinateur lucide et avant-gardiste, qui donne à entrevoir un avenir de l’humanité en quête de sens.
« Exposer ses œuvres, c’est exhiber un peu de sa mémoire cachée. » – Enki Bilal
/// Mathilde Mascolo
En artiste complet, Enki Bilal est l’auteur de plusieurs albums bande dessinée, mais aussi peintre et auteur-réalisateur de trois long-métrages. Construite avec lui, l’exposition retrace l’ensemble de son parcours artistique au travers de 250 œuvres.
L’artiste s’inspire de sujets qui lui tiennent à cœur, et les magnifie à sa manière : dans un univers sombre et dramatique, l’humain, la machine ou l’animal évoluent dans un environnement hostile. Que ce soit ville ou cosmos, l’on se sent oppressé, voir effrayé par cette violence – parfois extrême, parfois latente.
« La vision d’Enki Bilal est réaliste et fantastique, pessimiste et terrible, profondément marquée par l’Histoire et d’une force rarement exprimée. Les mises en relation dans l’exposition avec des exemples de toutes les époques témoigneront de ces mêmes préoccupations : la monstruosité chez Hiéronymus Bosch et Joel‑Peter Witkin, l’horreur de la guerre chez Jacques Callot et Francisco de Goya, le fantastique chez Gustave Doré et Alfred Kubin, le machinisme chez Man Ray et Lewis Hine, l’hybridation chez Orlan et Tony Oursler. Il y a aussi plus d’un rapport entre l’œuvre d’Enki Bilal et celle de Francis Bacon. En même temps seront projetés des extraits de films de Fritz Lang, de Ridley Scott, de David Cronenberg. » – Serge Lemoine, commissaire de l’exposition
En s’appuyant sur l’Histoire et l’actualité, il est un parfait témoin de notre monde en plein désarroi, et se pose en quelque sorte en « visionnaire » des problèmes auxquels se confrontent les sociétés contemporaines.
La question écologique, tout d’abord : la place de la nature dans ses œuvres est prépondérante, de par son absence complète et effrayante dans ses représentations de « villes du futur ».
La question humaine et humaniste, ensuite, est au centre de ses préoccupations : les évolutions techniques et technologiques font partie intégrante de son œuvre et sont le reflet de la décadence des rapports humains dans notre civilisation.
Ainsi, ses personnages aux visages durs et aux regards perçants sont sublimés par ses rapports de couleurs – particulièrement son bleu, très présent dans son travail – et l’utilisation du procédé de la grisaille. Les corps sont élancés, entrelacés et voués à se retrouver dans ce chaos ambiant qu’est le monde d’Enki Bilal. La sensation d’intimité qui émane de ses personnages enlacés interroge le regardeur et le pousse à s’en émouvoir.
« Maîtrisant les supports artistiques les plus diffusés, du cinéma à la bande dessinée, Enki Bilal a largement participé à l’éveil politique d’une génération, qui a su traverser les murs de la guerre froide et dénoncer les excès d’un capitalisme prédateur sur notre environnement. Il nous interroge aujourd’hui sur l’avenir d’une humanité qui aurait confié sentiments et libertés à des robots et algorithmes. » – Michel-Édouard Leclerc, président du Fonds Hélène et Édouard Leclerc
Fonds Hélène et Edouard Leclerc pour la culture
- Adresse : 6 rue des Capucins
- Code postal : 29800
- Ville : Landerneau
- Pays : France
- Tel : 02 29 62 47 78
- Site Internet : www.fonds-culturel-leclerc.fr
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