Prix de la jeune création métier d’art 2020

Prix de la jeune création métier d’art 2020

Pour la 60ème année consécutive, le prix de la jeune création des métiers d’art (PJCMA) organisé par les Ateliers d’Art de France, dévoile ses quatre nouveaux lauréats. Une occasion de rappeler l’importance de ce concours dans le développement économique des lauréats, mais aussi de mettre en avant le rôle de la jeunesse dans la relève des métiers d’art. 

Ouvert aux artisans d’art et artistes de la matière de 35 ans maximum, le prix fait rayonner les métiers d’art et promeut la diversité et la vitalité du secteur : créateur textile, bijoutier, céramiste, verrier, ébéniste, modeleur, dinandier…sont autant de métiers d’art représentés dans leur dimension créatrice que technique.

Le PJCMA permet aux lauréats de bénéficier d’un accompagnement ciblé leur permettant de se professionnaliser : une formation, une campagne de communication, une participation à un salon professionnel ou grand public, comme Révélation, Maison & Objet ou encore le Salon du Patrimoine et une exposition collective sont autant d’apports fournis par Atelier d’Art de France pour permettre aux lauréats d’élargir leur réseau professionnel et pour soutenir le développement des atelier.

Les quatre créateurs porteurs d’avenir pour les métiers d’art

Louis Biron – Sculpteur-ciseleur

Chez Louis Biron, tout, absolument tout, de l’apprentissage d’un savoir-faire jusqu’aux temps de la contemplation, le ramène à la nature. Ce qui surprend peu de la part d’un jeune créateur qui fabriquait enfant, des boucles d’oreilles avec des ailes de scarabées (morts) avant de décrocher son son bac au lycée horticole de Grenoble. La pratique de la photo, du théâtre et des arts plastiques a enrichi son parcours jusqu’à son diplôme en métiers d’art option ciselure à l’École Boulle. C’est lors de son projet de fin d’étude qu’il a posé les bases de sa démarche très personnelle d’artisan-designer du vivant : inspiré par les expériences artistiques d’Hubert Duprat et le Body Art selon Yves Klein, il intègre la nature dans ses processus de création, au sens le plus concret du terme, s’attachant les services d’êtres vivants de la famille des lombricidés (vers épinglés) ou des Arionidaes (limaces) : « la nature n’est ni le sujet de mon travail, ni spectatrice : elle dessine la pièce avec moi ». Les productions qui en découlent sont engagées.

Anne-Charlotte Saliba – Créatrice papier

Il faut imaginer Anne-Charlotte Saliba dans sa phase contemplative, en arrêt devant les nervures d’une feuille ou un invertébré translucide remonté des abysses. Autant de lignes nerveuses et inspirantes qu’elle retranscrit dans des luminaires de papiers pliés, ajourés, aux ondulations de coquille ou de crinoline. Designer et sculptrice papier passionnée par la botanique et le monde du vivant, elle entretient un lien très fort avec cette matière dont elle expérimente sans cesse l’élasticité. Après une formation en architecture d’intérieur et design d’objet qui ne lui permettait ^pas de travailler avec ses mains, elle a développé sa pratique en autodidacte. Ses collections de lampes à poser et de suspension reposent sur un jeu quasi mathématique de rainages et de pliages qui assure le volume parfait des pièces ainsi que leur stabilité dans l’espace.

Juliette Vivien – Céramiste

Dans la grande dynastie des Vivien, constituée de génération d’artistes, Juliette Vivien a emprunté à son grand-père céramiste son attrait pour le modelage-tournage. Une formation à l’École Duperré en section céramique a tout naturellement fait suite à une adolescence passée à façonner. Depuis son atelier au sous-sol d’une maison de Montreuil, cette landaise d’origine impose déjà sa signature : la miniature. « Mon diplôme de fin d’études à Duperré traitait de la notion d’échelle et de la perception. C’est un phénomène captivant, les miniatures rencontrent toujours l’adhésion du public, sans doute parce que, précieuses comme des bijoux, elles s’adressent à un imaginaire universel », explique Juliette Vivien qui joue avec malice de la mise en abyme de son propre travail. Chaque création est accompagnée d’un modèle réduit à son effigie, lui aussi façonné au tour. Dans sa collection de porcelaine blanche, à peine satinée par un émail transparent, ses vases, ses boites et bols sont ajourés délicatement au scalpel.

Carole Serny – Orfèvre-ciseleuse

S’il fallait un porte-parole à son travail, Carole Serny choisirait « LPN04 », son projet de fin d’études. Sous sa fourrure ciselée, ce demi-lapin en fonte de bronze exprime clairement sa vision artistique de la ciselure. Toujours à portée de main sur son établi, il figure aussi sur son poinçon de maître. « J’ai découvert la ciselure lors d’une journée Portes-Ouvertes à L’école Boulle. J’avais tout aimé : l’odeur, l’atmosphère, les pièces en vitrine, explique Carole Serny qui y a ensuite suivi une formation en décor et objets, spécialité ciselure. La ciselure est une technique d’ornementation du métal traditionnellement appliquée aux parties en bronze dans l’ameublement. Mais une fois mon DMA en poche, je n’ai pas trouvé de terrain d’application et je ne voulais pas travailler dans un atelier de restauration ». Après une dizaine d’années passées dans l’univers du design et du mobilier contemporain, elle a décidé en 2018 d’assumer son goût pour la création et de tirer parti de son parcours : une formation classique associée à une expérience dans les savoir-faire industriels.