Du 16 juin au 30 septembre 2018, le Musée départemental Breton de Quimper présente l’exposition Artistes tchèques en Bretagne. De l’art nouveau au surréalisme.
Les conditions politiques et l’enseignement rigide de l’Académie de Prague sont des éléments déclencheur qui vont pousser, à partir de 1850, les premiers artistes tels que Jaroslav Čermák et Hippolyt Soběslav Pinkas, à séjourner en France. C’est durant cette période primitive que naît l’intérêt pour la Bretagne dont traite la première partie de l’exposition. Elle introduit ensuite la première moitié du XXème siècle, où le mouvement prend de l’ampleur. Paris étant devenu prédominante dans le milieu culturel et artistique, la capitale permet aux artistes tchèques de s’échapper de l’enseignement classique considéré comme « provincialiste ». Du mouvement symboliste au surréalisme, certains artistes s’isolent de Paris pour peindre dans l’environnement paisible breton, dont « la présence d’une vie rurale encore assez préservée, la survivance de traditions et coutumes, le mélange de pittoresque et d’authenticité », sont susceptibles de convenir au public tchèque.
Parmi ces artistes voyageurs, František Kupka, inspiré par les paysages rudes et lumineux, la force des vagues de la mer ainsi que des formes rocheuses rugueuses, se rend à plusieurs reprises en Bretagne. Isolé, dans une atmosphère sereine, il transcrit ce qui l’entoure en dessins et croquis, afin de les utiliser plus tard en décor de ses oeuvres, telle que La Vague de 1902. Dans ce tableau, une femme figure accroupie, faisant face à l’immensité d’une vague prête à frapper les rochers caractéristiques de la côte de Granit rose. La transparence du tissus qui l’habille fait écho à celle de l’eau jusqu’à presque les confondre, tout comme le tourbillonnement de la vague rappelle la forme de ses cheveux attachés. Cette féminité sensuelle est en accord avec la force énergique de la mer, dont l’arc répond aux courbes du corps de la femme. František Kupka nous baigne dans un halo de couleurs pâles et douces : les nuances du vert bleuté de l’eau traversent la palette, partant du noir des ombres jusqu’au blanc de l’écume, et se reflètent dans la variété de rose de la peau et l’ocre des roches. C’est cette intensité chromatique des paysages celtes, traversés par une lumière unique, qui fait l’objet de fascination chez les artistes et en attire plus d’un depuis l’autre bout de l’Europe.
Texte: Marilou Mercier
Visuel: František Kupka, La Vague, 1902, huile sur toile © Marilou Mercier