La galerie Bayart présente du 7 juin au 16 septembre, les sculptures de Christophe Charbonnel dans l’exposition Mythologies.
Séduit par les mythes de l’Antiquité, Christophe Charbonnel puise dans l’histoire de David et Goliath, de Persée et Méduse ou du héros de l’Attique, Thésée. Dans cet éventail de dieux que représentent ses sculptures de bronze, se distingue la force féminine d’Athéna, avec son armure de guerrière. En ramenant à la vie ces sculptures classiques, Christophe Charbonnel fait le lien entre les époques et apporte une réponse moderne à un héritage ancien. Selon l’artiste, la mythologie traite de ce qui traverse les hommes : les émotions, les doutes et les dilemmes cornéliens entre le bien et le mal.
A l’observation de ses sculptures de bronze, les entailles de l’outil sur le support témoignent du traitement créatif de l’artiste. Cette apparence rugueuse donne du volume et de la forme, mais laisse surtout une trace du modeleur, dont la spatule comme allongement de la main, est comparable à son empreinte. L’aspect manuel est mis en avant dans le façonnement de ces anatomies dont le pétrissement de la matière reflète un procédé libéré. Les formes des corps sont révélées, mais également les émotions sur les visages, dont les détails des plis et des rides permettent leur intensité. La sculpture, contrairement à la peinture, affranchit les personnage de leur narration et décor, mais Christophe Charbonnel témoigne de leur histoire grâce à l’intensité de leur regard. En confectionnant ces personnages courageux et forts tout en y laissant une partie de soi, l’artiste se pose comme leur concepteur et montre ainsi la puissance de la création artistique.
L’artiste a le pouvoir de création, mais également de la non-création, lui seul peut décider de leur offrir l’existence. Inachevées, les figures divines semblent comme rongées par le temps. Certaines parties de leurs morphologies sont perforées et nous laisse apercevoir l’intérieur de leur corps. Ce vide prenant lentement le dessus sur le plein donne vie aux dieux mythologiques, mais les rend également vulnérables, à notre image : nous sommes en constant devenir, imparfaits et incomplets. Christophe Charbonnel actualise les anciens mythes à travers une traduction plastique moderne, dont les questions essentielles et existentielles se rapportent également à nos interrogations.
Texte : Marilou Mercier
Visuel : Christophe Charbonnel, Persée tenant la tête de Méduse, Bronze, 133 x 47 x 32 cm, édition sur 8, 2016