Du 5 au 28 avril 2018, la galerie Insula présente les peintures de l’artiste Hélène Jacqz, dans une exposition intitulée Cadences, faisant virevolter les motifs colorés.
1m60 : les toiles monumentales de Hélène Jacqz mesurent la taille d’un individu, et dansent comme si elles avaient un corps. Même muette et immobile, la peinture appelle le mouvement, la musique et le déhanchement. Quelques cercles tournoient sur la page blanche, la colorant de rouge, bleu, vert et rose tout en gardant la trace du geste par des petites éclaboussures de peinture. Les cerceaux de couleurs dilués s’élancent, remplis de grâce, et se répètent en cadence pour créer un motif, une gamme, un refrain. La courbe, néanmoins, reprend son souffle dans les silences laissés par le vide : elle n’en n’est que plus légère. Elle témoigne d’un geste franc, assuré, spontané et rapide qu’on imagine se poursuivre hors de la toile, avant de s’éteindre. Une gestuelle lyrique pour des peintures rythmiques. Revenir à des gestes simples et enlevés, comme des annotations, telle est la volonté de Hélène Jacqz. Ainsi, écrit t-elle une partition graphique avec un matériau très spécifique : le mouvement. Les motifs recopiés s’épurent d’une toile à l’autre et nous donnent à voir l’essence du geste. Geste rappelant celui de l’écolier consciencieux qui apprend à écrire, en reproduisant les boucles du « l », et finit, lassé et impatient, par faire de ces signes calligraphiques un réservoir de formes abstraites. La répétition ne fait qu’accentuer les variations, les dérapages, les accidents, teintant l’œuvre de fougue et de vitalité. Hélène Jacqz fait souffler un vent de liberté, appelant à jouer avec les contraintes, la retenue et le self-control pour extérioriser notre créativité. Pour l’artiste, la cadence évoque les danses folkloriques, les dessins répétitifs que l’on effectue spontanément quand notre pensée est ailleurs, les marelles, les tissus imprimés, les motifs de nappes de nos grand mères… Autant de rengaines, de mouvements et d’images cycliques qui rythment le monde et qui font en quelque sorte, chanter la vie au-delà des époques. Ainsi, les œuvres de Hélène Jacqz communiquent-elles fondamentalement gaieté joie et énergie, par leurs couleurs vives et pétillantes qui évoquent le charme de la jeunesse : sur la toile se danse une valse, dont les partenaires seraient le rouge et le bleu, ayant vingt ans tous les deux et des étoiles dans les yeux. Notre imaginaire se réveille, rappelé aux spectacles qui ont su ravir nos yeux dés notre plus jeune âge : rubans colorés qui tournoient, pirouettes acrobatiques en costume pailleté, feu d’artifice de fin de soirée, mais également les simples ricochets dessinant une onde liquide et fugitive, avant que l’eau ne reprenne sa forme initiale. Autant de ritournelles hypnotiques qui n’empêchent pas leur intarissable nouveauté. Entrez donc dans la danse, encore et encore et encore…Texte : Elodie RéquillartCrédit visuel : Pirouette II, Hélène Jacqz, technique mixte sur la toile, 130 x 97 cm, 2018