Du 2 au 11 novembre, la galerie Berthet-Aittouarès présente l’exposition Quand la photographie de mode devient Art du brillant et inclassable Peter Knapp ; une rétrospective nous plongeant dans l’univers magnétique d’un touche-à-tout fasciné par l’image.
Éternellement lié à l’univers de la mode et à celui du magazine ELLE dont il fut le directeur artistique pendant plusieurs années, Peter Knapp fait figure d’éminence dans l’histoire de la photographie comme dans celle du graphisme. Né en 1931 à Bäretswil, en Suisse, il est formé à la prestigieuse Kunstgewerbeschule – l’Ecole des Arts et Métiers – de Zurich. Photographe dès ses débuts en 1945, Peter Knapp n’en reste pas moins attiré par la peinture, au point de s’installer à Paris au début des années 1950 ; là, il rencontre des artistes tels que Robert Rauschenberg et Barnett Newmann, et participe à diverses expositions collectives. Créateur prolifique et complet, Peter Knapp est tout et un à la fois : peintre, graphiste, scénographe, cinéaste et photographe, il voue ses talents non pas à une technique particulière, mais à une matière première : l’image, dans toute sa force d’expression.
L’aventure commence véritablement en 1959 et sa rencontre avec Hélène Lazareff, fondatrice du magazine féminin « ELLE ». Fraîchement rentrée de New-York, elle aspire à renverser le paysage médiatique et culturel, tentant de s’inscrire dans la lignée du prestigieux Harper’s Bazaar. Peter Knapp n’a alors que 28 ans, et il se voit proposer la direction artistique de l’hebdomadaire : il redessine le logo, mais aussi et surtout révolutionne la photo de mode.
Cette révolution est au coeur de l’exposition Quand la photographie de mode devient Art, qui offre à voir les premières photos de mode réalisées par Peter Knapp de 1960 à 1980. Loin des clichés très descriptifs et informatifs ayant cours jusqu’alors, le photographe suisse impulse vigueur et vitalité, génère l’instantané dans ses images. Ce n’est pas tant la mode en soi qui l’anime, mais « la femme et créer des situations autour d’elle » ; le travail de Peter Knapp s’inscrit ainsi dans une recherche perpétuelle du mouvement, du corps comme des vêtements. Filmant les modèles avec une caméra, il fait ensuite un arrêt sur image pour ne garder qu’une seule photo. Unique, vous dit-on…
Du noir et blanc géométrique de l’époque Courrèges (1965) aux scénographies colorée de Montana (1978), son style est caractérisé par une grande rigueur graphique, héritage du Bauhaus enseigné lors de ses études d’art. Peter Knapp dit : « En fait, je pars toujours d’une chose simple pour arriver à moins. » Son travail est le fruit d’une simplification, où la perspective et les volumes s’éclipsent au profit des lignes – centrales. Par moment même, la mode et le mannequin deviennent secondaires, comme happés par l’effet de magie picturale induit par l’alchimiste Peter Knapp. De la photographie de mode à l’Art, il n’y a qu’un pas.
Vernissage le jeudi 2 novembre à partir de 18h.
Texte : Léa Houtteville
Crédit visuel : Peter Knapp, Dim,Dam,Dom, 1969 ©Galerie Berthet-Aittouarès