Des artefacts qui traversent les civilisations

La galerie Sinople réunit le travail minutieux d’artistes qui s’inspirent de savoir-faire ancestraux. L’exposition Achronos met en avant une conjugaison de la création contemporaine et de pratiques d’anciennes civilisations pour un voyage esthétique remarquable.

/// Quentin Didier

 

La galerie tire son nom d’un pigment de couleur importé du port de Sinop, une ville antique d’Asie mineure. Le lieu est pendant des siècles un véritable carrefour commercial qui voit s’entrelacer de multiples cultures et civilisations (romaines, grecques, ottomanes, byzantines) au fil de nombreuses conquêtes. De ce brassage nait de superbes pratiques artisanales et artistiques. Sinople s’inspire de l’apport culturel de ces routes commerciales pour son nouveau cycle d’expositions intitulée « Treasures roads », dont Achronos en est la première.

 

 

Les œuvres singulières de plusieurs artistes contemporains sont ici présentées, toujours avec l’idée d’un retour à des pratiques ancestrales. La matière est travaillée, associée avec d’autres pigments et éléments pour un rendu qui conjugue le passé et le futur dans une même esthétique. De simples matières comme le liège ou encore la brique sont sublimées lentement et avec précision par le biais de l’ébénisterie. En découle des pièces qui s’apparentent aisément à des reliques qui semblent issues d’autres civilisations. La création de l’Atelier Alba évoque par exemple immédiatement les pyramides de l’Égypte antique ou des cultures précolombiennes. Elle intègre en son centre une sphère qui questionne nos notions d’équilibre.

 

 

La dimension sensorielle de l’exposition est emplie d’un superbe mystère où l’on s’interroge sur la matérialité de toutes les œuvres : des céramiques, aux sculptures, en passant par les photographies. Thierry Urbain joue avec cela dans les clichés qu’il propose pour Achronos. Son image se caractérise par un grain très particulier qui n’est dû ni au papier, ni au négatif, ni à l’appareil, ni à l’objectif, mais au sujet photographié lui-même. Il s’agit en réalité d’une maquette réalisée par l’artiste. Même en passant par le médium du 8^ème art on retrouve une pratique de création plastique remarquable.

 

 

Les ateliers qui présentent leurs œuvres à Sinople, s’engagent à un véritable travail esthétique et plastique de la matière qu’ils utilisent. Leurs créations témoignent d’une véritable richesse artistique et artisanale. Cette incursion dans les pratiques d’anciennes civilisations n’en devient alors que plus intéressante encore.

 

 

Visuel principal : SINOPLE-Achronos-Yves-Vincent-Davroux-OXF5